L’Iran, carrefour de la propagande et de la désinformation

Il y a un an, l’assassinat de Mahsa Amini provoquait un soulèvement du peuple en Iran, qui ne s’est pas tari depuis. Pour répondre aux manifestants et à la mobilisation internationale, le pouvoir iranien actionne tous les leviers de la propagande et de la désinformation.

19 octobre 2023dans AnalyseTemps de lecture : 11 min

Téhéran (Bornamir/istock)


Nazila Golestan, journaliste, opposante iranienne vivant en France, porte-parole d’Iran HamAva

La mobilisation des Iraniens a évolué en un an, depuis l’assassinat de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022. Malgré la répression sanglante, le black-out numérique, la chasse aux journalistes et les opérations de désinformation et de propagande à l’échelle planétaire pour faire taire cette révolte, les manifestants continuent de défier le régime.

Un an de résistance en Iran, c’est aussi un an de combat contre la fabrique de la propagande du régime par les agences d’État. Au quartier général (QG) du Guide suprême, on mène une guerre de désinformation institutionnelle, tantôt discrète, tantôt agressive. L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique depuis 1989, a nié la réalité même de la révolte et réprimé de façon sanglante le mouvement « Femme, Vie, Liberté ». Dans un discours, il a qualifié les manifestants de charlatans : « Ils ont scandé le slogan de la liberté pour les femmes, là aussi, ils ont fait, beaucoup de bruit pour rien, les femmes dans la république islamique sont libres tant au niveau socioculturel que sur la scène politique, le hijab n’est pas le souci des femmes. »

Guerre de l’information

Que les manifestants du mouvement « Femme, Vie, Liberté » fassent « beaucoup de bruit » médiatique est précisément ce contre quoi lutte le QG du Guide suprême pour imposer sa doctrine. L’écosystème de la désinformation et de la propagande de la République islamique d’Iran consiste à tirer profit de l’ensemble des canaux et plateformes de communication, de la radiodiffusion, des centres culturels, des universités ou encore des structures caritatives dont il dispose, pour créer des discours mensongers et les amplifier afin d’étendre son influence auprès de l’opinion.

À l’extérieur, une des parades utilisées par le QG du Guide suprême pour tenter de contourner les sanctions américaines et européennes est la mise en place d’une étroite coopération avec la Russie et la Chine.

C’est une véritable guerre de l’information à laquelle se livrent les services du Guide suprême à l’intérieur et à l’extérieur du pays. À l’intérieur, la machine de propagande tente de faire taire l’opposition séculaire et démocratique (composée de journalistes, avocats, syndicalistes, universitaires…), qui risposte via les réseaux sociaux, diffusant à l’échelle mondiale des contenus divers. À l’extérieur, une des parades utilisées par le QG du Guide suprême pour tenter de contourner les sanctions américaines et européennes est la mise en place d’une étroite coopération avec la Russie et la Chine. Compte tenu du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, la République islamique d’Iran et ses alliés sont ainsi, plus que jamais, une menace majeure de déstabilisation des démocraties en Europe. Un retour sur l’histoire permet de comprendre cette action à visée internationale.

Un soft power sous-estimé

Tout s’embrasa avec l’attentat du samedi 19 août 1978 au cinéma Rex à Abadan, lors de la projection du film Le Cerf de Massoud Kimiaï. Ce fut un traumatisme national en Iran. Ce jour-là, des coups de feu furent tirés des quatre coins de la salle de cinéma, les portes restèrent verrouillées, piégeant ainsi les spectateurs, hommes, femmes et enfants. Dès le lendemain, par voie de presse, Rouhollah Khomeini, profitant de l’émotion générale – il y eut près de 500 victimes –, qualifia cet attentat de « grand chef-d’œuvre du Shah pour discréditer la révolution ». Les déclarations de Khomeini furent rapidement et largement acceptées. Cette tragédie du cinéma Rex conduisit au renversement de la monarchie iranienne et joua un rôle crucial dans la victoire de la Révolution islamique.

Deux mois plus tard, Khomeini s’installait à Neauphle-le-Château, dans le département des Yvelines. Il travailla à se construire une nouvelle image, à transformer la vision que les Iraniens avaient de lui, celle du leader d’une milice religieuse, violente, en guerre contre les droits des femmes en Iran. Il se présenta devant l’Occident sous les traits d’un « homme de paix », d’un « saint homme », proposant une alternative au capitalisme libéral, comme l’exprima alors le philosophe Michel Foucault. Durant ces quatre mois d’exil dans les Yvelines, Khomeini devint une figure populaire dans les médias et les milieux intellectuels occidentaux et il diffusa sa propagande, en farsi, vers l’Iran, via la BBC.

À la suite de l’instauration de la République islamique en Iran en 1979, les nouveaux maîtres du pouvoir instaurèrent les nouveaux concepts et éléments de langage officiels. « Ennemi de dieu », « ennemi de l’islam », « ennemi de l’État islamique », « idolâtre », « pro-impérialiste », « pro-occidental », « pro-sioniste » servirent à désigner les opposants. Ces expressions soutinrent la phraséologie que la République islamique œuvra à exporter à travers le monde, pour exercer son influence sur les opinions publiques étrangères. Ce sont ainsi des méthodes de « guerre douce » (soft war) qu’utilisa le QG du Guide suprême, exploitant la désinformation et la propagande et créant un conflit perpétuel avec les opposants et l’Occident.

Alors que les États-Unis, les pays Européens et les pays du Moyen-Orient ont porté une attention considérable aux capacités et aux activités militaires et nucléaires de la République d’islamique d’Iran ces dernières années, ils ont sous-estimé son soft power et ses efforts avec ses alliés pour étendre son influence à l’échelle planétaire.

L’écosystème de désinformation de la République d’Iran regroupe aujourd’hui l’ensemble des canaux et plateformes de communication officiels, de radiodiffusion, des bots (robots) et des faux comptes sur les réseaux sociaux, les opérations de désinformation cybernétique, les sites Internet proxy, dont se sert le QG du Guide suprême pour créer des discours mensongers. La dynamique de cet écosystème comprend plusieurs piliers principaux qui fonctionnent simultanément et en systèmes interdépendants.

Le contrôle étroit de la production et de la diffusion

Parmi les outils destinés à diffuser la propagande à l’échelle planétaire, il faut mentionner en premier lieu la Radiotélévision de la République islamique (Sãzmãn-e Sedã va Sima-ye Jomhùrì-ye Eslãmì-ye Ìrãn, dite Islamic Republic of Iran Broadcasting, ou « Irib », en anglais), un organe de propagande central pour les intérêts d’État islamique. L’Irib est placée sous l’étroite supervision d’Ali Khamenei et exerce un monopole sur toutes les émissions de radiotélévision. Cette entreprise diffuse la propagande du régime, dans le cadre défini par l’article 175 de la Constitution de la République islamique : « La liberté d’expression et de publication des idées de la Radiotélévision de la République islamique doit s’exercer en conformité avec les lois islamiques et les intérêts nationaux. » La direction de cette instance est directement nommée par Ali Khamenei.

« La liberté d’expression et de publication des idées de la Radiotélévision de la République islamique doit s’exercer en conformité avec les lois islamiques et les intérêts nationaux. »
Article 175 de la Constitution de l’Iran


Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique est aussi sous l’ordre d’Ali Khamenei. Il exerce une censure sévère, délivre les autorisations de publication des livres et films de propagande. Il s’investit financièrement dans leur production. Le film de Dieudonné M’Bala M’Bala L’Antisémite (2011) a ainsi été produit conjointement par la société de production iranienne Haft Aseman (HACC) et une société française. « C’est en raison de mes croyances antisionistes que j’ai accepté de produire ce film », avait pu expliquer Mohsen Ali-Akbari, patron de la société HACC.

Siège de l’Irib, avenue Vali-ye Asr à Téhéran (Wikimedia commons)

Des relais internationaux

L’écosystème de propagande repose aussi sur des médias iraniens, financés par le régime et destinés à un public international. La République islamique possède ainsi plus de cinquante chaînes de télévisions multilingues dont la majorité est basée au Liban et en Irak, plus de deux cents stations de radios, des milliers de journaux imprimés et des centaines de sites web. Tous ces médias, situés à l’intérieur et hors d’Iran, sont contrôlés par l’Irib. 

L’Irib a d’abord créé la chaîne multilingue Sahar TV 1 et 2 (en anglais, français, kurde, ourdou, bosniaque et azéri), puis l’a ensuite élargie pour inclure Al-Alam, Al-Kawthar (en arabe), Press TV (24/24 en anglais et français), HispanTV, iFilm TV, Radio David.

Lancée en 2001, Radio David produit de la désinformation en hébreu à destination des juifs en Moyen Orient. Le siège d’Al-Alam est basé à Téhéran avec deux antennes officielles, à Beyrouth et à Bagdad. Hassan Beheshtipour, le premier directeur exécutif de la chaîne, a déclaré qu’Al-Alam avait vocation à « lutter contre le monopole détenu par les pays occidentaux sur les chaînes d’information » et à « combler le vide prévalant au niveau de la diffusion des informations dans le monde contemporain ». Quant à HispanTV, il s’agit de la chaîne en espagnole de l’Irib, contre les médias occidentaux, destinée aux États d’Amérique latine.

Des médias étrangers se trouvent par ailleurs sous l’influence direct du QG du Guide suprême. L’Union des radios et télévisions islamiques a été créée à l’initiative d’un certain nombre de réseaux de radios, de télévisions et d’institutions médiatiques, en juin 2007, afin de constituer un bloc solide de radiodiffusion pour propager les enseignements du prophète Mahomet et lutter contre la propagande « malveillante » des « ennemis » de l’islam. Cette union est indépendante de l’Irib mais se trouve directement sous l’autorité du QG du Guide suprême.

D’après les chiffres officiels, cette holding basée à Téhéran compte plus de 236 organisations membres, originaires de 36 pays situés sur les cinq continents. Elle est la plus grande union de médias par le nombre d’entités participantes, mais aussi en termes de couverture géographique, de diversité religieuse, politique et linguistique. Son objectif principal est de défendre le caractère sacré et les intérêts de l’oumma islamique (communauté des musulmans), soutenir les droits et les revendications équitables des communautés et des pays islamiques et diffuser de la désinformation sur l’Occident et Israël parmi les pays membres. L’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a décrit l’objectif de l’union comme celui d’apporter « un soutien honnête aux groupes armés sur le terrain ».

Cet écosystème de désinformation et de propagande médiatique du QG du Guide suprême s’accompagne d’une cyber-campagne, utilisée à des fins de surveillance intérieure pour réprimer les manifestants et acquérir des connaissances sur les militants basés à l’étranger. Elle est aujourd’hui une priorité majeure pour Téhéran.

Une soft war contre l’Occident

Le régime travaille également à la militarisation des réseaux sociaux et à la désinformation cybernétique. Le QG du Guide suprême actionne par des voies, légales ou non, une cyber-armée pour réprimer les opposants à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il s’en sert aussi dans sa soft war contre l’Occident. Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) est le bras armé de l’espionnage du QG du Guide suprême dans tout le pays. Il joue un rôle clé pour l’espionnage numérique et pour la répression des manifestants et des dissidents en Iran. Cela s’est clairement manifesté à l’encontre des principaux mouvements d’opposition populaires au régime, comme le mouvement Vert de 2009, le mouvement populaire de novembre 2018 et le mouvement « Femme, Vie, Liberté », lorsque le CGRI a brutalement écrasé l’opposition. 

Pendant un an, depuis la mort de Mahsa Amini, les militants du mouvement « Femme, Vie, Liberté » ont mené une bataille acharnée sur les réseaux sociaux pour contrer le discours officiel en ligne et à la désinformation propagée par la cyber-armée du CGRI. Celle-ci diffuse des vidéos et des photos sans contexte ; elle les modifie pour réécrire l’histoire et la transformer. Le but de la cyber-armée du CGRI est de réprimer la voix des dissidents autant que d’influencer l’opinion publique. En l’absence de liberté de la presse et d’expression, il est donc extrêmement difficile pour l’opinion iranienne d’évaluer de façon critique les informations diffusées par les médias d’État.

Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique surveille toutes les communications en ligne, censure les informations et gère les images publiques et les faits que l’Iran partage avec le monde extérieur.

Le CGRI surveille toutes les communications en ligne, censure les informations et gère les images publiques et les informations que l’Iran partage avec le monde extérieur. En outre, le CGRI accuse les journalistes de collaborer avec l’ennemi, les institutions occidentales, les services de renseignement israélien et les groupes d’oppositions de la diaspora iranienne à l’étranger. Il s’agit pour lui d’étouffer toutes voix dissidentes. Le CGRI diffuse également des informations ou de la désinformation ciblant des pays ennemis : des représentants chinois, russes et iraniens qui s’inquiètent, par exemple, des « violences de la police [française] » en marge des manifestations en France, un appel du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dans sa 52e sessions, appelant la France à modifier « rapidement » la prétendue loi interdisant aux femmes de se couvrir le visage dans les espaces publics…

Au cours des mobilisations du mouvement « Femmes, Vie, Liberté », l’ONG NetBlocks a annoncé à plusieurs reprises l’interruption de l’accès ou la perturbation d’Internet dans différentes régions d’Iran. Attaullah Mohajerani, ancien ministre de la Culture et de l’Orientation islamique du gouvernement réformateur de Khatami, domicilié à Londres, a colporté en juillet dernier la fake news selon laquelle la France s’attaquerait aux libertés publiques : « La Police nationale française a annoncé qu’à partir de demain 3 juillet, l’usage d’Internet sera restreint. » Manière cynique de retourner l’accusation…

Les démocraties menacées

Face à la supériorité militaire des États-Unis, la Chine, la Russie et l’Iran redoublent d’efforts pour mener une offensive tous azimuts visant à exploiter toutes les ressources du cyberespace. Les institutions fédérales américaines ont pris la mesure de ces cyber-menaces et le cyber-espionnages de l’État iranien. Le gouvernement américain a ainsi sanctionné, le 14 septembre 2022, dix individus et deux entités, tous affiliés au CGRI, pour leur rôle dans la conduite de cyber-actes malveillants, notamment des activités de ransomware (logiciel rançonneur).

Il est essentiel que l’Europe, et en particulier la France, fasse de même en renforçant sa vigilante face à l’alliance des trois États autocratiques que sont la Chine, la Russie et l’Iran. La désinformation d’État, portée par des outils puissants, menace directement les fondements des démocraties.

Iran : genèse d’une contre-révolution

Aucun idéologue révolutionnaire n’est à la manœuvre dans le soulèvement actuel du peuple iranien, contrairement à ce qui s’était produit lors du renversement du shah en 1979. Armée de sa seule aspiration à la liberté, la jeunesse iranienne invente son avenir sous nos yeux.

31 janvier 2023dans AnalyseTemps de lecture : 16 min

Des jeunes dansent autour du feu et brûlent des foulards à Sari, en Iran. Le feu est, par excellence, le symbole de la purification dans la philosophie persan

Nazila Golestan, directrice éditoriale et productrice, opposante iranienne vivant en France, porte-parole d’Iran HamAva1
Article paru dans Le DDV n° 689, hiver 2022

SOUTENEZ LE DDV : ABONNEZ-VOUS À L’UNIVERSALISME

À Téhéran, en septembre 2022, est né le slogan « Femme, Vie, Liberté » porté par la contestation de la jeune génération sur les cendres de Mahsa Amini, tuée par la police religieuse pour « tenue inappropriée ». La mort inique de cette jeune femme a été l’étincelle qui a suffi à embraser un pays déjà soumis à une forte pression depuis quatre décennies. Après plusieurs mois de contestation, nous observons en Iran l’émergence d’une véritable contre-révolution menée par les générations  « X », « Y » et « Z », qui se réclament des valeurs universelles, au péril de leur vie, jour après jour, contre l’héritage obscurantiste de la révolution islamique de 1979.

« Superficielle », « égocentrique », « accro aux réseaux sociaux », « incapable de mener des actions, des contestations hors du monde virtuel », etc. Tels sont les a priori négatifs avec lesquels les « baby-boomers » décrivent parfois la nouvelle génération. Mais cette dernière s’est extirpée du monde virtuel pour faire entendre sa voix dans les rues iraniennes et en appelle à ses aînés.

En revendiquant leur fort désir de liberté sur les réseaux sociaux sans frontière (Instagram, Twitter et Telegram), les jeunes créent un objet virtuel multiforme et partageable avec tous à partir de leurs smartphones. Le désir de liberté passe par une chaîne de solidarité entre générations, en quelques clics, de Téhéran à Paris, vers Londres, Toronto, Istanbul… Ainsi se propage le mouvement « Femme, Vie, Liberté » à l’échelle internationale, intégrant au passage de nouvelles revendications lui faisant prendre de l’ampleur.

Il était une fois la révolution islamique en 1979

« N’essayez pas de me parler de révolution ! Je sais tout sur les révolutions et comment elles commencent ! Les gens qui lisent les livres, ils vont vers les gens qui ne lisent pas les livres – les gens pauvres – et disent : “Ho, ho ! le moment d’un changement est venu, hein !” » Cette réplique du chef-d’œuvre Il était une fois la révolution de Sergio Leone souligne le processus de germination des révolutions classiques du XXe siècle : les idéaux révolutionnaires précèdent et guident les révolutions. Ces idéaux sont parfois déconnectés de la réalité rugueuse du terrain sur laquelle ils s’appliquent. 

La politique du siècle dernier semble être portée par des révolutions idéologiques fondées sur la terreur comme instrument primitif : la violence révolutionnaire a joué un rôle important dans le renversement des anciens régimes, qui avaient souvent des débuts glorieux et une fin obscure. Bien que les révolutions russe, chinoise, cubaine et iranienne reposent sur des fondements idéologiques différents, il existe une analogie concernant les processus à l’œuvre : les masses ont suivi les injonctions des intellectuels qui ont mené à un changement radical et brutal de régime.

Le 17 septembre 1941, trois semaines après l’invasion de l’Iran par les troupes soviétiques et britanniques, Mohammad-Reza Pahlavi, le jeune shah, prêta serment devant le Parlement. En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques se sont retirés du pays mais les troupes soviétiques ont non seulement refusé de se retirer mais ont stationné au nord-ouest de l’Iran afin d’aider à la création d’États communistes séparatistes fantoches dans l’Azerbaïdjan et le Kurdistan iranien. Bien que l’Armée rouge se soit finalement retirée d’Iran en mai 1946, l’influence soviétique s’est intensifiée au sein des partis politiques de gauche. Le shah, effrayé par la menace de partition territoriale de son royaume, a fini par opérer un changement de régime, d’un régime de monarchie parlementaire libérale à un régime autoritaire à parti unique.

Dans l’Iran de 1979, les intellectuels gauchistes iraniens dérivant vers l’orbite soviétique jouent un rôle important. La majorité des révolutionnaires de ces années étaient soit de l’aile gauche, soit fascinés par l’école du marxisme islamique. Par conséquent, un amalgame de deux idéologies – communiste et islamiste – s’est cristallisé en la personne de l’ayatollah Khomeini. Opposée à l’impérialisme occidental, cette nouvelle idéologie a prôné la négation de la modernité – vue comme occidentale – et la distanciation d’avec la civilisation perse.

Groupe armé devant l’ambassade américaine à Téhéran, au moment de la prise en otage de son personnel par des étudiants (4 novembre 1979 – 20 janvier 1981) (Iranian National Library)

Khomeini le « sauveur »

Le retour en Iran de Khomeini à la fin de son exil de quatorze ans a été mis en scène de telle façon qu’il passait pour être le sauveur, seul capable de faire émerger un régime indépendant, anticolonialiste et anti-impérialiste. Et tout commença avec la devise de l’ayatollah Khomeini, « une république islamique, ni un mot de plus, ni un mot de moins ». Une référence directe à un système théocratique basé sur la charia et les hadiths, au nom de la république.

À la suite de l’instauration de la Constitution de la République islamique, le premier commandement promulgué par Khomeini a été l’obligation du port du voile islamique, selon le principe religieux que la femme est « la propriété de l’homme », justifiant la misogynie du gouvernement.

Si le Corps des gardiens de la révolution islamique est sorti exsangue des huit années de guerre contre l’Irak, ses commandants ont bénéficié ensuite du soutien inconditionnel du Guide suprême et se sont transformés en cadres dévoués et disciplinés de l’État islamique.

De nombreuses manifestations ont eu lieu en mars 1980, au cours desquelles des milliers de femmes et d’hommes ont protesté contre cette obligation de porter le voile en scandant des slogans tels que : « Nous voulons de la liberté », « Nous sommes contre le voile islamique », « Nous avons fait la révolution pour être libres ». Mais quatre événements ont permis à l’État islamique de se consolider en Iran. D’abord, la prise en otages des diplomates de l’ambassade américaine à Téhéran par des groupes anti-américains et la déclaration de Khomeini affirmant qu’« Israël [devait] être rayé de la carte ». Ces deux événements ont débouché sur l’élimination des libéraux et l’affirmation anti-impérialiste et anti-occidentale du régime. Ensuite, l’enlisement de la guerre Iran-Irak qui a eu pour conséquence des centaines de milliers de morts, des milliers de vétérans et la chute de l’économie du pays. Par ailleurs, si le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) est sorti exsangue de ces huit années pendant lesquelles aucun investissement économique important n’a pu avoir lieu, ses commandants ont bénéficié après la guerre du soutien inconditionnel du Guide suprême et se sont transformés en cadres dévoués et disciplinés de l’État islamique. Ainsi, le CGRI a consolidé sa mainmise sur les structures de pouvoir économique, politique et judiciaire du pays. Enfin, les autorités du régime ont annihilé l’opposition frontale au régime précédent et, au cours de l’été 1988, un très grand nombre des révolutionnaires sympathisants ou appartenant aux partis de gauche, marxistes, ont été exécutés.

Une réforme pour sauver un État théocratique

En juin 1998, Mohammad Khatami, « le turban noir », arrive au pouvoir en donnant le faux espoir au peuple de vouloir réformer le système théocratique. Ainsi, la nouvelle stratégie consiste à privilégier les membres de « l’intelligentsia », au sein de laquelle les hauts fonctionnaires technico-bureaucratiques sont dorénavant recrutés, les religieux qui semblent faussement adhérer aux idées réformatrices et les élites politiques qui sont mises en avant au sein du système théocratique. 

Un an après la victoire présidentielle de Mohammad Khatami, la fermeture de plusieurs organes de presse s’est soldée par une manifestation des étudiants de la génération « X » de l’université de Téhéran, sans précédent depuis la révolution de 1979. Sur ordre du Guide suprême, Ali Khamenei, ces manifestations ont été fortement réprimées. Des membres infiltrés du CGRI et des milices affiliées à l’État ont brutalement réprimé les étudiants, les militants et les intellectuels qui avaient manifesté pendant cinq jours à l’université de Téhéran pour les changements démocratiques et la réforme du système théocratique.

L’arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad fut d’autant plus favorable à l’éclosion des protestations que les mécontents avaient rongé leur frein depuis plusieurs décennies. Les intellectuels dirent encore au peuple : « Le moment d’un changement est venu. » Ainsi est né le mouvement Vert en 2009 dont le slogan « où est mon vote ? » a résonné dans les rues de Téhéran. Fortement réprimé, le mouvement Vert a abouti à la marginalisation des réformistes. Les réformistes avaient mis à contribution cette tragédie pour établir leur identité politique en tant que force d’opposition légitime et s’étaient laissé aller à davantage de statu quo pour rester pertinents sur le plan politique. 

Le « turban blanc », Hassan Rohani, s’est présenté à l’élection présidentielle contre Ahmadinejad. De nouveau, des réformateurs modérés, « chiens de garde » du pouvoir religieux, s’affichant comme pro-occidentaux, ont dit au peuple : « Le moment d’un changement est venu. » Les générations « X » et « Y » ont encore eu l’espoir de voir le nouveau gouvernement, mené par le religieux Hassan Rohani, répondre à leurs attentes concernant le dossier nucléaire et faire sortir l’Iran des crises internationales. 

Comme la nouvelle stratégie de modération du régime était plus propice à l’arrangement avec les Américains, le gouvernement de Rohani a obtenu l’accord international sur le nucléaire en 2015. 

Les protestations étudiantes de juillet 1999, connues sous le nom de « 18 Tir » [Hishdah-e Tir], constituent les plus violentes protestations en Iran, vingt ans après l’avènement de la République islamique. (DR)

La fin de l’époque du mirage réformiste

Le gouvernement d’Hassan Rohani a fait des ravages de toutes sortes dans la société iranienne et a nourri la colère de la population. D’une part, l’économie déjà chancelante du pays s’est encore dégradée et l’inflation a dépassé les 50 %. D’autre part, la situation préoccupante concernant le respect des droits humains s’est encore aggravée, à cause de l’appareil de sécurité iranien, en particulier l’unité de renseignement du CGRI, qui persécute les femmes, réprime les Bahaïs dans tous les aspects de leur vie et emprisonne les citoyens qui défendent les droits de la population : activistes, avocats, enseignants, écrivains, journalistes…

En janvier 2018 et novembre 2019, à la suite de la gestion désastreuse des précieuses ressources en eau du pays et de l’état fortement dégradé de l’économie, les générations « X » et « Y » se soulèvent et renvoient dos à dos toutes les factions du pouvoir en scandant le slogan phare « Réformateurs, conservateurs, le jeu est fini ».

Le guide suprême, Ali Khamenei, à chaque occasion, justifie son système idéologique qui n’a jamais respecté les différents accords internationaux en menaçant la région par le biais de ses activités nucléaires, dans le but de rester au pouvoir.

Les étudiants des universités de Téhéran refusèrent de marcher sur les drapeaux américains et, en réponse aux discours essoufflés du Guide suprême, scandèrent le slogan : « Notre ennemi est ici, c’est un mensonge de prétendre que c’est l’Amérique notre ennemi ! » 

Dans les rues des villes iraniennes a alors résonné, à l’occasion de nombreuses manifestations, le slogan « Ni Gaza, ni Liban, je donne ma vie pour l’Iran ! », en écho aux devises antisionistes des dirigeants du régime islamique visant l’État d’Israël. Cette politique a eu pour conséquence de dépenser, en quatre décennies de régime, des dizaines de milliards de dollars pour le développement du Hezbollah et des groupes terroristes au Pakistan et au Liban, ainsi que pour le soutien financier et militaire au pouvoir syrien, et pour l’implication au Yémen.

L’escalade de violence

L’intensité de la violence des forces de sécurité du régime a continuellement augmenté à l’encontre des manifestations contre l’augmentation du prix du carburant dans un contexte de crise économique. La répression a été d’une ampleur inédite dans plus de cent villes. Pour tenter de couper le pays du reste du monde, les autorités iraniennes ont presque totalement supprimé l’accès à Internet et aux réseaux mobiles (selon l’observatoire NetBlocks).

À l’abri des regards, environ 1 500 personnes ont été tuées selon une enquête de l’agence Reuters et au moins 7 000 manifestants ont été emprisonnés et accusés d’être des agents des sionistes ou des Américains, selon Amnesty International et l’ONU.

En janvier 2020, le vol PS752 de l’Ukraine International Airlines, quelques minutes après son décollage, a été abattu par un missile sol-air iranien tiré par un membre des CGRI – 176 passagers civils ont été tués. Telle fut la « dure vengeance » promise par le régime islamique en réponse à la frappe ciblée tuant à Bagdad le général Qassem Soleimani, garde révolutionnaire islamique et héros de l’islam politique, surnommé par la population iranienne « le boucher des peuples »2. Les mensonges des autorités iraniennes niant leur implication dans le crash du vol PS752 déclenchèrent une nouvelle vague de manifestations des étudiants contre le régime dans un contexte de crise américano-iranienne. L’escalade de la violence continua de manière effrénée.

C’est la jeunesse, appelée parfois la « Gen Z », qui est à l’origine de ce mouvement de protestation contre un apartheid de genre et un système discriminatoire, dont les femmes sont les principales victimes.

Les premiers cas et décès liés au nouveau coronavirus sont apparus à partir de février 2020, touchant « environ 50 personnes » à Qom, ville sainte à 150 kilomètres au sud de Téhéran. Les autorités ayant démenti que l’épidémie avait pu faire une cinquantaine de morts ont été dépassées par l’ampleur de la crise qui a fait des milliers de morts et l’Iran est placé au premier rang des pays touchés par la maladie en dehors de la Chine. Dans une déclaration montrant son ignorance de la situation, Khamenei, en tant que chef de l’État, plaçant l’idéologie avant la vie de millions d’Iraniens, a lancé une fatwa : « Les importations de vaccins américains et britanniques dans le pays sont interdites. Je l’ai dit aux fonctionnaires et je le dis publiquement maintenant. »

En outre, la signature d’un pacte « pour une coopération globale sur 25 ans » par le ministre des Affaires étrangères du régime islamique, Javad Zarif, et son homologue chinois, Wang Yi, « notamment dans les domaines de la technologie, des industries, des transports et de l’énergie » et le renforcement de la relation déjà solide avec la Russie de Vladimir Poutine, a achevé d’enflammer la génération digitale iranienne sur les réseaux sociaux. Tout le monde savait que quelque chose d’inédit se déroulerait tôt ou tard en Iran.

La société iranienne n’est guère sortie de la souffrance des morts du crash du vol PS752, ni de celle suscitée par les milliers de morts dus à la mauvaise gestion de la Covid. Le virage stratégique du Guide suprême vers la Russie de Poutine et la Chine, perçue comme une nouvelle puissance coloniale, les positions géopolitiques du régime semblent s’être figées aux échelles régionale et internationale dans une configuration qui déplaît fortement à la population. 

C’est dans ce contexte que, le 16 septembre 2022, la mort de Mahsa-Jina Amini a déclenché le vaste mouvement populaire « Femme, Vie, Liberté ». C’est la jeunesse, appelée parfois la « Gen Z », qui est à l’origine de ce mouvement de protestation contre un apartheid de genre et un système discriminatoire, dont les femmes sont les principales victimes.

Insurrection de la « Gen Z » contre un apartheid de genre

La « Gen Z » iranienne, née avec un smartphone entre les mains et connectée au monde depuis le berceau, arrive soudain sur le marché sociopolitique avec de nouvelles exigences, bouleversant ainsi les codes mis en place par les baby-boomers révolutionnaires de 1979. Elle a, en effet, bouleversé la méthode classique du leadership charismatique reposant sur la logique du « top down » selon laquelle la structuration politique de la vie publique serait de nature hiérarchique avec, à son sommet, un ou plusieurs leaders politiques parvenant à imposer à l’acceptation populaire leurs doctrines. 

Alors que les baby-boomers accueillaient en 1979 le retour de Khomeini, leur leader charismatique, pour mettre en place un système autocratique, les générations « Y » et « Z » rejettent la logique du « top down » dans le domaine politique. Cette jeunesse lance un mouvement collectif auto-organisé se conformant à la logique « bottom up ». Ils sont autonomes, sans revendications d’un leader charismatique. Ils prennent « Mahsa-Jina » comme slogan de ralliement dans tout le pays. 

Ce qui distingue le mouvement « Femme, Vie, Liberté » de toutes les grandes révolutions de l’Histoire, c’est son caractère féministe.

Ces enfants du numérique, contrairement aux générations précédentes, ont rejeté le système théocratique et kleptocratique basé sur la corruption, la force et la crainte. Ils expriment un désaccord avec les anciennes générations qui ont longtemps écouté les intellectuels idéologues, en cherchant la réforme d’un système autocratique. Les aspirations de cette jeune génération sont totalement différentes de celles de leurs aînés qui élaboraient des doctrines auxquelles il fallait adhérer et produisaient des chants de propagande généralement basés sur des thèmes violents et la glorification du sacrifice pour la cause. 

À l’inverse, la production de contenus révolutionnaires de la jeune génération est plutôt décentralisée. Par exemple, une des vidéos les plus connues est celle de Shervin Hajipour, consistant en un plan fixe du chanteur, dans sa chambre. Il chante, essentiellement en gardant les yeux fermés, avant de regarder en direction de la caméra qui le filme tandis que des tweets surgissent qui sont autant de messages d’engagement contre le régime. Ainsi, Shervin Hajipour, dans sa chambre à Babolsar, près de la mer Caspienne, a composé puis filmé le clip de sa chanson Barayé (en français « Pour ») à partir de plusieurs tweets postés par les générations digitales. Cette chanson est devenue une sorte d’hymne du mouvement « Femme, Vie, Liberté » qui a fait le tour du monde et a été traduit dans de nombreuses langues, dont le français.

Il y a également l’hymne Zan (en français « Femme ») composé par Mehdi Yarahi qui esthétise le mouvement en l’ancrant dans l’histoire des contestations populaires iraniennes.

Femme, Vie, Liberté
En ton nom, qui est notre mot de passe
la nuit de Mahsa est l’aube des centaines de Neda

Laisse-moi l’embrasser dans le sang
Qu’il devienne éternel
La mèche attachée sur le dessus de la tête 
comme c’est majestueux

Pourquoi émigrer ? Reste et reprends le pays
Chante pour que la ville soit remplie de l’hymne de Femme
Pour que cette Patrie devienne ta Patrie

Ces chansons bouleversent les codes, transcendent le deuil, le sang et la violence et poussent l’auditeur vers un avenir compréhensible où la jeunesse ne respectera plus la loi du plus fort. Ce qui distingue le mouvement « Femme, Vie, Liberté » de toutes les grandes révolutions de l’Histoire, c’est son caractère féministe. Dans les mythes antiques de l’Iran, la femme est l’origine, la patrie, la naissance, la croissance et la bénédiction. Le mot femme signifie liberté. Cette jeunesse relie les mythes perses à notre ère. Selon le Livre des rois (Shâhnâmeh en persan) de Ferdowsi, le grand livre perse de l’Histoire du monde, l’héroïne Farangis, après la mort du héros Siyavash et les autres jeunes filles qui l’accompagnaient se sont coupé les cheveux en signe de deuil et de protestation contre l’injustice de cette mort. Ce symbole a été repris par le mouvement « Femme, Vie, Liberté » en signe de protestation contre la mort de Mahsa-Jina Amini. Les femmes iraniennes ont transformé cette tradition symbolique en un acte politique. Les femmes se sont coupé les cheveux et les hommes se sont rasé la tête et tous ont posté les vidéos de ces actes sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que ce geste hautement symbolique s’est exporté aux quatre coins du monde.

Si le cinéaste Sergio Leone était vivant aujourd’hui et voulait refaire son film en se basant sur la révolution de la jeunesse en Iran, peut-être pourrait-il écrire le dialogue comme ceci : « La révolution emporte sa victoire lorsque les jeunes lèvent leurs têtes de leurs smartphones et regardent ceux qui sont enterrés dans des livres et leur disent : “Il n’y a rien de bon ici ! Il faut un changement de paradigme ici !” »

SOUTENEZ LE DDV >> ABONNEZ-VOUS À L’UNIVERSALISME
Achat au numéro : 9,90 euros
Abonnement d’un an : 34,90 euros

بخشی از برنامه شطرنج –نازیلا گلستان: نباید گذاشت خون نوید افکاری و نویدها روی زمین بماند

VOA

Iran : Soleimani, boucher des peuples ou héros de l’islam politique ?

« Le Point » publie une tribune d’intellectuels et d’opposants iraniens qui demandent à Emmanuel Macron de « ne pas céder au chantage à la violence » de Téhéran.

La tribune est rédigée par un collectif d’intellectuels et d’opposants iraniens en exil, démocrates et libéraux. Ses signataires tirent le bilan de l’action politico-militaire du général Qassem Soleimani, qui incarna jusqu’à sa mort, le 3 janvier, d’un tir de drone américain sur l’aéroport de Bagdad, les efforts entrepris par le régime iranien pour exporter sa « révolution islamique » dans le reste du Moyen-Orient. La tribune souligne le rôle qu’il a joué dans l’aggravation des conflits sectaires dans cette région déjà instable et sa participation – via les milices à sa solde en Irak et en Syrie, notamment – à la répression des opposants iraniens et irakiens ainsi qu’aux massacres en Syrie. La liste des 38 premiers signataires figure au bas de cette page.

La mort du général Soleimani, commandant de la force Al Qods des gardiens de la Révolution islamique, a donné lieu à de nombreuses réactions, dont peu d’entre elles ont pris en considération les aspirations du peuple iranien et des peuples de la région.

Les dirigeants du régime islamique ont condamné le « terrorisme d’État » américain qui, violant la souveraineté d’un État indépendant, l’Irak, est intervenu militairement pour éliminer un général « invité » par les dirigeants de ce pays.

Pour cet homme de guerre, la vie humaine n’avait aucune valeur.

D’autres ont rappelé les ingérences de Qassem Soleimani par milices interposées et ses exactions multiples, tant en Iran qu’en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen, pour justifier l’opération ciblée menée par l’armée américaine.

Mais tenons-nous-en aux faits. Dès son avènement, le régime islamique en Iran a eu pour principal objectif l’exportation de sa révolution et de son idéologie totalitaire au Moyen-Orient comme ailleurs dans le monde. Avec sa force Al Qods, l’unité d’élite du corps des gardiens de la Révolution islamique chargée des opérations extérieures, Soleimani en est devenu le grand artisan. Pour cet homme de guerre, la vie humaine n’avait aucune valeur face à la nécessité d’étendre l’influence idéologique et militaire du régime et parvenir ultimement à « rayer Israël de la carte ».

Il est important de rappeler qu’en 1979, alors que les États-Unis maintenaient leur ambassade à Téhéran afin de travailler avec le nouveau régime de Khomeini, la République islamique, dès son avènement, a manifesté une hostilité foncière à l’égard de l’Occident et particulièrement de l’Amérique. Hostilité qui a débuté par la prise d’otages des diplomates de l’ambassade américaine puis s’est poursuivie par de nombreuses actions terroristes, voire des actes de guerre contre les États-Unis, l’Europe et les pays du Moyen-Orient. C’est bien à l’aune de cette logique de guerre qu’il convient de comprendre et d’analyser l’élimination du général Soleimani.

Placé sous l’autorité directe du Guide suprême Ali Khamenei, Soleimani était de fait le numéro deux du régime iranien, son principal cerveau militaire et stratégique. Il était le bras armé des radicaux du régime des mollahs.

Soleimani ne fut en rien un rempart contre Daech.

Il convient de rappeler à cet égard que Soleimani était officiellement considéré comme terroriste par l’Union européenne depuis la décision du Conseil de l’UE en date du 8 janvier 2019. Il a orchestré de nombreuses attaques terroristes au Moyen-Orient et dans le reste du monde au moyen des milices qu’il a contribué à créer, financer et armer.

Soleimani ne fut en rien un rempart contre Daech, comme cela est répété urbi et orbi. Il était en réalité un criminel de guerre et un criminel contre l’humanité qui a contribué à renforcer cette organisation terroriste en menant une politique pan-chiite qui a poussé dans ses bras des pans entiers de la population sunnite irakienne et syrienne.

Le général Soleimani était l’un des principaux architectes du chaos irakien après la chute de Saddam Hussein. Son soutien financier et militaire aux milices chiites qui ont commis de nombreuses exactions en Irak a provoqué la radicalisation des groupes sunnites, ce qui a favorisé en retour l’émergence de Daech en Irak.

En Syrie, il a été l’un des principaux artisans de l’écrasement de l’insurrection contre Bachar rl-Assad aboutissant à la mort de plus de 500 000 personnes et au déplacement de millions de réfugiés. L’histoire retiendra que, par son action destinée à sauver coûte que coûte le régime du dictateur syrien et à étendre l’influence iranienne, il a là encore grandement contribué à faciliter l’implantation de Daech dans ce pays.

En Iran également, les différentes vagues de répression contre nos compatriotes ont porté sa marque : en 1999, il participait activement à la répression du mouvement estudiantin de l’université de Téhéran et, en décembre 2017, il faisait venir en Iran des contingents issus des « unités de mobilisation populaire », une coalition paramilitaire de milices irakiennes en majorité chiites pour réprimer dans le sang les manifestations anti-régime.

C’est encore lui et ses hommes qui, en novembre dernier, noyèrent dans le sang les manifestations antigouvernementales. Dès le premier jour des protestations, Qassem Soleimani conseillait à Ali Khamenei d’écraser, avec une brutalité inouïe, la contestation contre la dictature islamiste. Cette répression, que l’on peut qualifier de crime contre l’humanité, a fait au moins 1 500 morts !

Cet homme terrorisait tout autant les Irakiens et les Syriens que les Iraniens. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les contestataires irakiens aient célébré son élimination place Tahrir à Bagdad, ce d’autant plus que c’est toujours lui qui, en octobre dernier, exigeait du gouvernement irakien de prendre exemple sur la République islamique pour réprimer les manifestations contre la corruption et l’ingérence de la République islamique dans ce pays.

Les gardiens de la Révolution islamique et leur bras armé extérieur, la force Al Qods de Soleimani, n’ont jamais hésité a employé les pires méthodes de répression contre nos compatriotes en Iran et contre les autres peuples de la région pour assurer la survie de leur régime kleptocratique et l’expansion de leur idéologie fanatique.

À cette fin, Qassem Soleimani et les gardiens de la Révolution ont institutionnalisé dans toute la région un système de corruption afin de financer leurs guerres et leurs actions terroristes. Il n’est dès lors pas étonnant de voir que le régime iranien, malgré les efforts de l’Union européenne, a refusé de se conformer aux règles internationales définies par le Gafi (FATF) en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Les fous de Dieu à la tête de ce régime agressif et millénariste sont prêts à sacrifier le bien-être de la population iranienne.

Au regard de ces faits, nous, opposants à la République islamique, appelons solennellement la France et ses représentants à se tenir aux côtés du peuple iranien et à soutenir ses aspirations à la liberté et à la démocratie. Les fous de Dieu à la tête de ce régime agressif et millénariste sont prêts à sacrifier le bien-être de la population iranienne sur l’autel d’un expansionnisme contesté avec courage par la population irakienne et libanaise.

Nous exhortons donc le président de la République à ne pas céder au chantage à la violence exercé par la dictature des mollahs qui s’affranchit chaque jour un peu plus de ses obligations internationales censées contraindre Téhéran à renoncer à son programme nucléaire. Nous l’invitons également à rappeler que c’est bien la guerre par milices interposées conduite hier par le général Soleimani, aujourd’hui par son successeur, qui est à l’origine de la crise actuelle et que le régime des mollahs devra être tenu pour responsable de son éventuelle aggravation.

Liste des premiers signataires (par ordre alphabétique) :

Dr Mahdi Aghazamani, sociologue et journaliste ;

Nassrin Almasi, journaliste, rédactrice en chef de l’hebdomadaire « Shahrvand » ;

Djamchid Assadi, professeur associé au département digital management de la Burgundy School of Business ;

Mehran Barati, membre du conseil exécutif Iranien pour la transition ;

Hassan Dai, analyste au Iranian American Forum et à l’International Institute for Iranian studies ;

Chahdortt Djavann, écrivaine, essayiste ;

Dr. Farah Dustdar, professeure de philosophie, éditrice de Zeit für Geist ;

Niloofar Gholami, journaliste et activiste ;

Nazila Golestan, envoyée spéciale pour les droits de l’homme du Conseil national iranien pour les élections libres ;

Mohammad Reza Heydari, ancien consul de la République islamique d’Iran ;

Dr. Ata Hoodashtian, professeur associé de philosophie et de sciences politiques à la Swiss UMEF University de Genève, directeur du département des études iraniennes ;

Hossein Khalifeh, activiste ;

Bijan Khalili, éditeur ;

Mehdi Jamali, opposant politique et militant des droits de l’homme ;

Amir Hossein MehdiIraiee, activiste et ex-médecin de l’armée iranienne ;

Iraj Mesdaghi, essayiste, ancien prisonnier politique ;

Nooshin Meshkaty, présidente du board de la Beverly School Board of Education, ingénieure en aérospatial ;

Zarrin Mohyeddin, activiste ;

Mazyar Mokfi, journaliste ;

Reza Moridi, ancien ministre irano-canadien ;

Kaveh Moussavi, avocat spécialiste des droits de l’homme à la Cour internationale d’arbitrage ;

Yaghoub Najari, ancien champion du judo, défenseur des droits des femmes ;

Sahar Nasseri, militant écologiste et activiste ;

Dr. Ramin Nawab, géophysicien ;

Aliakbar Omidmehr, ancien diplomate

Assal Pahlavan, directeur de la rédaction du magazine en langue persane « Ferdosiemrooz » ;

Reza Pirzadeh, porte-parole du Conseil national iranien pour les élections libres ;

Zohreh Rasty, médecin et militant politique ;

Ehsan Sam Rajabi, ancien membre de l’équipe nationale de judo iranienne ;

Vanecha Roudbaraki, artiste peintre ;

Sahand Saber, avocat au barreau de Paris ;

Hemn Seyedi, analyste politique au Birkbeck College, University of London ;

Farshid Seyed Mehdi, spécialiste des relations publiques ;

Rouhi Shafii, Directeur exécutif de la Coalition internationale contre les violences en Iran ;

Shahrokh Shahid, musicien

Kaveh Shahrooz, avocat, chercheur de l’institut supérieur de recherches Macdonald Laurier, Senior Fellow du MLI’s Centre for Advancing Canada’s Interests Abroad ;

Dr. Mahnaz Shirali, sociologue, politiste, spécialiste de l’Iran, enseignante à Sciences Po Paris, directrice d’études à l’Institut catholique de Paris ;

Elham Yaghoubian, écrivaine, chercheuse en sciences sociales à la California State University.

THE INTERNATIONAL HOLOCAUST REMEMBRANCE DAY 2020

https://vimeo.com/387028468?fbclid=IwAR2jDfVks171dUO83jh8IGGxpRZ7wPy-DgU1XG6qpN-hL49wDfi8i8m_iM8

I was only six years old when political Islamists formally established Khomeini’s official state in Iran.

Every morning before going to school, I used to see the Cyrus the Great Cylinder on the table that reminded me of respect and tolerance of others.  However, at school before classes started, we had to chant “Death to U.S.A.” and “Death to Israel” and we had to cross the Israeli and the American flags to get into our classrooms.

At the end of the day, as all media were under the control of the regime, our only contact with the outside world was the one-way radio programs. At night, my father would catch up with the Persian program of Israel’s radio so we could hear the real news.

Since the establishment of the Islamic Republic of Iran (IRI) in 1979, the destruction of Israel has been one of the foundations of the regime’s ideology. An official anti-Semitic state with the slogan of eliminating the Israel from the world map which became an official state policy.

On May 09, 1979, the most well-known leader of the Jewish community Habib Elghanian, was falsely accused of Zionist espionage and executed.

The same year, al-Quds Day (Jerusalem Day) was invented as a result of Khomeini’s anti-Semitic propaganda as he declared the confrontation with Israel a “religious duty.”  Al-Quds Day is the annual anti-Zionist day. Islamic Republic commemorates this day by organizing marches and expressions of hatred towards Jews and the state of Israel. Accordingly, every year on the last Friday of Ramadan, al-Quds Day commemorates with mass parades led by the regime to emphasize hatred of the State of Israel and to publicize the regime’s intention of destroying the State of Israel.

Jews along with other official religions (Christian, BahaÏ, Sunnis and Zoroastrian) are treated as second-class citizens and subjected to humiliation. The Islamic Constitution has restricted their religious freedom. They need permission from, and are controlled by, the regime for performing their religious ceremonies.

The value of their lives is set at one-half of that of a Muslim. In case of non-Muslim women, the value reaches one quarter of the life of a Muslim. They are barred from many government and military positions.

The anti-Semitic propaganda of the Islamic Republic is getting more and more fierce. It has come to the point that the word “Jew” has become synonymous with humiliation.

The Ministry of Guidance and Culture, whose blade of censorship is sharp, not only permits publication of books and production of films of this kind, but also sometimes invests for their production. As an example, the film “Anti-Semitism” (l’Antisémite) was produced by cooperation of the Islamic Republic and a French company. The author and director of the film is “Dieudonné” who had previously made “Mahmoud.” Mahmoud is a play based on Mahmoud Ahmadinejad’s anti-Semitic remarks. The film Anti-Semitism, according to Mohsen Ali Akbari, was made with the invitation of Iran’s Deputy Director of Cinema and cooperation of French Laplum Company. Ali Akbari says of the film that Anti-Semitism is “a comedy that mocks Jewish Thought.” Further, the film mocks the Auschwitz camp. Holocaust denier Robert Faurisson plays himself in the film.

Many media outlets in Iran have been trained to spread lies and insults against Jews. From insulting beliefs to accusations of incest with their daughters or spread of corruption for the control of the world.

Indeed, the Islamic Revolution aroused fears among Iranian Jews such that nearly two-thirds of the community, despite having a 2700-year background, were forced to leave their homeland because of discrimination, restrictions, and negative propaganda.

However, wherever they went, Iranian Jews kept Iranian culture alive, and are one of the prides of Iran from Tel Aviv to the US vis a vis the Islamic Republic.

**********************************

Like Nazism, we must fight Khomeinism seriously. They formed many militias under the command of Qasem Soleimani in Syria, Iraq, Yemen and Lebanon to get closer to Israel by occupying the region. Their main objective has been the export of the totalitarian ideology to the Middle East and elsewhere in the world. Soleimani became the great craftsman of the Al-Quds force. For him, human life had no value.  His only desire was to extend the ideological and military influence of the regime and ultimately to “wipe Israel off the map.”

Now that the terrorist Soleimani has been killed, Europe must stand with the Iranian people against the Islamic Republic. Europe, along with the current United States Administration, must join us in fighting terrorism and anti-Semitism.

The Islamic Republic must not be allowed to obtain nuclear weapon because, otherwise it will increase the possibility of a human catastrophe.  Maximum pressure campaign must continue from all sides.

Today, Iranian people, with the hope of achieving peace and friendship with other nations, are fighting the Islamic Republic’s ideology.  Thousands of human rights and political activists have been imprisoned and tortured because they have struggled against this theocratic kleptocracy and anti-Semetic regime. They refuse to walk on the flag of Israel, and they reject the anti-Semitic slogans from Islamic Regime.

**********************************

In memory of “Tehran Children,” a group of Polish Jewish children mainly orphans or separated from their parents who escaped the Nazi-Germany occupation of Poland. This group of children were later evacuated with several hundred adults to Tehran, after summer of 1942.

Once the children were gathered in Tehran, the camp, which rapidly became known as the “Tehran Home for Jewish Children,” received assistance from the local Jewish community and most of them recovered their health in the Tehran camp.

In 1943, the children with their adult escorts, crossed from Persian Gulf to the Sinai Desert by train, and arrived at the Atlit refugee camp where the Yishuv welcomed them.

Thirty-five of the “Tehran Children” died either as civilians or as soldiers in Israel’s War of Independence in 1948-1949.

**********************************

A large number of people in Iran strongly believe that Israel and Iran will be strong allies in the future after the fall of the Islamic Republic and establishment of secular democracy in Iran because of their cultural and historical commonalities and for the sake of peace and stability in the Middle East.  We hope to see Israel’s Embassy in Tehran and Iran’s Embassy in Jerusalem very soon.

I hope to see you all in the near future in Yusuf Abad Synagogue, one of the oldest synagogues in Tehran.

Am yisrael chai עם ישראל חי

Long live Iranian and Israeli Friendship!

#NotOnMyWatch 

 #EJAssociation

https://www.ejassociation.eu/hot-topics/notonmywatch-eja-annual-campaign-for-the-international-holocaust-remembrance-day-2020/

Hundreds of Infections from One Needle in a Village in Southwest Iran

N° 2127-19

October 21, 2019

Dr. Tedros Adhanom

President, World Health Organization

Re: Hundreds of Infections from One Needle in a Village in Southwest Iran

Mr. President Tedros Adhanom:

At least 300 people including children and infants have been infected with the AIDS virus in Chenar Mahmoudi Village, 30 kilometers from Lordegan, apparently due to repeated use of disposable syringes for diabetes testing by the clinic in this village.

Iranian Health Minister Saeed Namaki, in response to people who contracted the HIV and requested reliable medical services, claimed: “There is no connection between the HIV cases and our screening program. The HIV cases are the result of intravenous drug use and unprotected sex.” But this assertion by the minister is bound to further anger the affected people and their relatives.

The enraged people of this village stormed the office of the Friday Prayer Imam, set it on fire, and held protests outside the Governor’s Office and the Department of Health in Lordegan on Tuesday and Wednesday, October 1 and 2, 2019. Police fired warning shots and tear gas and wounded and/or detained numerous protestors.

The only explanation given to the people in the village blamed the infections on the blood tests that were run two months prior by the local health office. The government has concealed this crime by slandering the families accusing them of addiction and risky sexual relationships.

There’s a lack of information and education about HIV in the region that has caused immeasurable problems for the residents of Chenar Mahmoudi.  People from other villages insult them by calling them “Aidsi” (persons with AIDS). People refuse to buy their agricultural products, saying: “Their tomatoes might be infected”. There have been cases of kids being expelled from their school because they are from Chenar Mahmoudi and the other parents think they might be infected with HIV.  Some teachers have refused to work in the village because they think they might “catch” HIV in the classroom. Factory workers from the village have been threatened with job terminations. People from other villages steer clear of the people from Chenar Mahmoudi because they also think they can “catch” HIV just by talking to them.

Another problem is the stigma attached to HIV-positive women in this very conservative region. Many people call any woman with HIV a “whore.”  When people heard the minister blaming the infections on “risky behavior”, they thought he was saying women were cheating on their husbands. The women in the village said it was not the case, so they looked for another explanation for people’s infections. One man told me his 50-year-old mother had tested positive. He said: “They have no shame. She is a good Muslim; you can ask everyone. How dare they say my mother committed adultery?”

The most significant result of unsafe medical practices is the strong possibility that HIV is contracted by more people, and if not stopped, it could turn into an epidemic in the area.

The World Health Organization’s (“WHO”) Constitution states in its preamble that “The STATES Parties to this Constitution declare, in conformity with the Charter of the United Nations, that the following principles are basic to the happiness, harmonious relations and security of all peoples:” “. . . Governments have a responsibility for the health of their peoples which can be fulfilled only by the provision of adequate health and social measures.” [emphasis added]

Since the constitution of the WHO, as a specialized agency of the United Nations, is exclusively humanitarian and concerned with international public health therefore:

It is with the utmost urgency that Iran National Council for Free Elections (IRANNC) appeals to your high office to take urgent action to save the lives of the people of Chenar Mahmoudi Village through an immediate and firm intervention, and according to Article 2(a) “to act as the directing and co-ordinating authority on international

health work;

  • First, by assisting the Iranian Government “… in strengthening health services; (Article 2(c)), and “to furnish appropriate technical assistance and … necessary aid [in this emergency] …” (Article 2(d)) and “strengthen health services and facilities” to those infected with HIV. (Article 2(e)), and
  • Secondly, by creating a psychosocial supportive and healthy environment at community centers, at work, in health clinics and in the homes of HIV positive people, and generally “take all necessary actions to attain the objective … [in this urgent matter]” (Article 2(v)).

We sincerely thank you for your assistance in, and consideration to, this urgent humanitarian matter.

Very truly yours,

Nazila Golestan

Special Envoy for Human Rights

Iran National Council for Free Elections

CC:

His Excellency António Guterres

Secretary General of United Nations

His Excellency Zeid Ra’ad Al Hussein,

United Nations High Commissioner for Human Rights

Mr. Brian Hook

US Special Representative for Iran

Mr. Javid Rehman,

UN Special Reporter on the Situation of Human Rights in the Islamic Republic of Iran

Mr. Salil Shetty, Secretary,

Secretary General of the Amnesty International

Sources : Observers.france24, Aljazeera, WHO

Freedom for Iranian Teachers’ Union Leader Esmail Abdi

Freedom for Iranian Teachers’ Union Leader Esmail Abdi

The Honorable Ms. Asma Jilani Jahangir

UN Special Rapporteur on the Situation of Human Rights

In the Islamic Republic of Iran,

OHCHR-Palais Wilson 
52 rue des Pâquis 
CH-1201 Geneva, Switzerland

Re: Freedom for Iranian Teachers’ Union Leader Esmail Abdi

Your Excellency,

As you are fully aware and have reported accordingly, many Iranians are frequently arrested merely for voicing their objections to everyday-life’s difficulties and/or violations of their most basic human rights. According to Human Rights Watch’s World Report of 2017, the Iranian government continues to strongly restrict free speech and dissent; authorities continue to arrest journalists, bloggers, and online media activists for exercising their right of expression; and Iranian dual nationals and citizens returning from abroad have been targeted for arbitrary arrests, interrogation and incarceration by the security authorities.  

Upon arrest, citizens are often charged with false and groundless allegations.  Charges have included “Western agents,” “warring against Islam,” “colluding national security,” “propaganda against the regime,” “enmity against God,” “insulting the Prophet,” and “insulting government officials.”

Next, they are tried in kangaroo tribunals and courts, restricted from lawyer-access during investigation; convicted (possibly based on confessions obtained under torture); imprisoned and, in some cases, executed. Human rights organizations have reported as many as 437 executions in 2016—most of which took place in the second half of the year; many classified as nonviolent crimes[i].

While in the infamous prisons of the Islamic Republic, prisoners face extremely cruel and inhumane conditions including lack of adequate and timely medical care.  As a last resort, said prisoners might attempt to protest their confinement with the only means possible—a hunger strike—to acquire the attention of human rights advocates and the international community.

Among the many thousands of political prisoners now rotting away, is Esmail Abdi, an Iranian human rights activist and a member of the teacher’s union board who has been imprisoned solely for protesting the deplorable conditions with which the country’s teachers are confronted every day. He was arrested under fabricated charges of “assembly with intent to create public disturbance,” and “propaganda against the regime.” He was sentenced by Judge Abbass Pir-Abbassi[ii] to serve a six-year prison term.

In a recent letter, Esmail Abdi protested sentences handed down against union activists, guilds and syndicatesunder the dubious charge of “national security,” which carries harsher sentences and penalties. Further, he requested that his case be tried not as a “national security” but a civic matter. On April 30, 2017, Mr. Abdi started a hunger strike, which he aims to continue until his reasonable and legitimate requests are granted.

In his letter, Esmail Abdi further indicated that arresting teachers and/or labor representatives is a violation of the universal standards as defined by the International Covenant on Civil and Political Rights, and the International Labour Organization that the Islamic Republic of Iran has either joined or to which it is a signatory. Mr. Abdi has also noted that the arbitrary arrest of teachers has even increased during the “reformist” presidency of Hassan Rohani.

According to the most recent statistics released by the Statistical Center of Iran, the average monthly cost of living for an urban family of four is $863.00 which is also the poverty line marker. A teacher’s monthly salary is $431.00. Therefore, a teacher with a family of four is unable to have acceptable living and housing conditions, let alone workers and welfare benefits. Yet, Iranian teachers continue to be present in their classrooms to serve the interests of their students.

Unfortunately, the future of education in Iran is unclear, as the teachers’ pension trust has not been funded for many months. In an environment where innocent activists of syndicates and labour unions, journalists, teachers and other civic dissidents are routinely intimidated, harassed, arrested, interrogated, tortured and incarcerated, corrupt regime officials and representatives raid their pension and welfare benefit funds.

Years of mismanagement by corrupt political and economic institutions and individuals have driven the Iranian people’s pension funds to the brink of bankruptcy. According to Raja news, the treasurer of the teacher’s retirement fund has embezzled $3.6 billion. These individuals who participate in institutional embezzlement and international money laundering not only threaten not the economic security of the people of Iran, but also pose an indisputable threat to international security. The Free World must actively confront and address these pressing issues.

It is with an emphasis on the principles of the Universal Declaration of Human Rights and a nonviolent solution for the future of Iran that we seek moral support from, and engagement of, the international community in condemning Iran’s actions and demanding the immediate and unconditional release of all prisoners of conscience.

We appeal to your high office and the international community to join our campaign at #UnityforFreedom. Also, we invite you to become the voice of Iranian teachers and support their rightful demands by joining us at #FreeEsmailAbdi.

We sincerely thank you for your support and attention to this urgent humanitarian matter.

Very truly yours,

Nazila Golestan

Special Envoy for Human Rights

Iran National Council for Free Elections


[i] Human Rights Watch. World Report 2017. https://www.hrw.org/world-report/2017/country-chapters/iran.

[ii] Abbass Pir-Abbasi1 is a Judge for the Tehran Revolutionary Court, branches 26 and 28 according to the Official Journal of the European Union (https://goo.gl/zyX0wl). Pir-Abbassi oversees post-election cases. He commonly issues long-termprison sentences during the unfair trials against human rights activists and has imposeddeath sentences in several cases. In April 2011, the European Union named Abbass Pir-Abbassi as an individual subject to sanctions for human rights violations.

Golrokh Iraee in Coma, at risk of death after prolonged hunger strike

His Excellency António Guterres Secretary General of United Nations The United Nations
New York, NY 10017

Re: Golrokh Iraee in Coma, at risk of death after prolonged hunger strike

Your Excellency,

N° 2088-18 April 5, 2018

Golrokh Ebrahimi Iraee, imprisoned for writing an unpublished story in Iran. She has been on hunger strike since February 3, protesting her unlawful transfer from Evin Prison to Qarchak Prison. The political prisoner, Golrokh Iraee, currently in Qarchak Prison, has been in a coma since Tuesday night, April 3, 2018, the fifth day of her dry hunger strike demanding to be transferred back to the Evin Prison. She has lost a lot of weight, more than 20 kilograms (44 pounds). Golrokh Iraee suffered a heart attack on day 10th of her hunger strike and 3rd day of the dry. She suffers from kidney dysfunction and swelling of her legs Haji Moradi, the magistrate of executions branch of Evin Prison, has announced that he will not transfer her back to Tehran’s Evin Prison even if she dies. She has reportedly been transferred to un known location (a hospital) near Qarchak Prison. There has been no news of Ms. Iraee after her hospitalization and her family’s inquiries have not been responded to.

On January 24th, Atena Daemi and Golrokh Iraee, imprisoned in the women’s ward of Evin Prison in Tehran, were summoned to court. They had been transferred to Section 2-A for interrogation. Atena and Golrokh have avoided separate interrogations. Seven officers, including five men and two women, tried transferring them to another prison but they refused and requested a transfer order. Golrokh and Atena, both political prisoners, were severely beaten under Haji Moradi’s command. They were transferred to Qarchak prison in Varamin by four armed guards.

Iran National Council for Free Elections strongly denounces this egregious violation against Atena Daemi and Golrokh Iraee, who have been imprisoned solely for their political views. We urged Iranian authorities to ensure that Golrokh Iraee has access, as a matter of utmost priority, to specialized health care in a hospital outside prison, in compliance with international human rights standards and common medical practices.

It is with a great sense of urgency that the Iran National Council for Free Elections appeals to your high office and the international community to take urgent action to save the life of Golrokh Iraee, through an immediate and firm diplomatic response to ensure her immediate and unconditional release.

We sincerely thank you for your assistance and consideration to this urgent humanitarian matter.

Very truly yours, ٔ

Nazila Golestan

Special Envoy for Human Rights
Iran National Council for Free Elections

Conseil National Iranien pour les Elections Libres 115 rue Saint-Dominique, 75007 Paris, France www.irannc.org

بخشی از برنامه شطرنج| نازیلا گلستان: باید از فردگرایی گذر کرد و به ائتلاف ملی رسید