L’Iran, carrefour de la propagande et de la désinformation

Il y a un an, l’assassinat de Mahsa Amini provoquait un soulèvement du peuple en Iran, qui ne s’est pas tari depuis. Pour répondre aux manifestants et à la mobilisation internationale, le pouvoir iranien actionne tous les leviers de la propagande et de la désinformation.

19 octobre 2023dans AnalyseTemps de lecture : 11 min

Téhéran (Bornamir/istock)


Nazila Golestan, journaliste, opposante iranienne vivant en France, porte-parole d’Iran HamAva

La mobilisation des Iraniens a évolué en un an, depuis l’assassinat de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022. Malgré la répression sanglante, le black-out numérique, la chasse aux journalistes et les opérations de désinformation et de propagande à l’échelle planétaire pour faire taire cette révolte, les manifestants continuent de défier le régime.

Un an de résistance en Iran, c’est aussi un an de combat contre la fabrique de la propagande du régime par les agences d’État. Au quartier général (QG) du Guide suprême, on mène une guerre de désinformation institutionnelle, tantôt discrète, tantôt agressive. L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique depuis 1989, a nié la réalité même de la révolte et réprimé de façon sanglante le mouvement « Femme, Vie, Liberté ». Dans un discours, il a qualifié les manifestants de charlatans : « Ils ont scandé le slogan de la liberté pour les femmes, là aussi, ils ont fait, beaucoup de bruit pour rien, les femmes dans la république islamique sont libres tant au niveau socioculturel que sur la scène politique, le hijab n’est pas le souci des femmes. »

Guerre de l’information

Que les manifestants du mouvement « Femme, Vie, Liberté » fassent « beaucoup de bruit » médiatique est précisément ce contre quoi lutte le QG du Guide suprême pour imposer sa doctrine. L’écosystème de la désinformation et de la propagande de la République islamique d’Iran consiste à tirer profit de l’ensemble des canaux et plateformes de communication, de la radiodiffusion, des centres culturels, des universités ou encore des structures caritatives dont il dispose, pour créer des discours mensongers et les amplifier afin d’étendre son influence auprès de l’opinion.

À l’extérieur, une des parades utilisées par le QG du Guide suprême pour tenter de contourner les sanctions américaines et européennes est la mise en place d’une étroite coopération avec la Russie et la Chine.

C’est une véritable guerre de l’information à laquelle se livrent les services du Guide suprême à l’intérieur et à l’extérieur du pays. À l’intérieur, la machine de propagande tente de faire taire l’opposition séculaire et démocratique (composée de journalistes, avocats, syndicalistes, universitaires…), qui risposte via les réseaux sociaux, diffusant à l’échelle mondiale des contenus divers. À l’extérieur, une des parades utilisées par le QG du Guide suprême pour tenter de contourner les sanctions américaines et européennes est la mise en place d’une étroite coopération avec la Russie et la Chine. Compte tenu du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, la République islamique d’Iran et ses alliés sont ainsi, plus que jamais, une menace majeure de déstabilisation des démocraties en Europe. Un retour sur l’histoire permet de comprendre cette action à visée internationale.

Un soft power sous-estimé

Tout s’embrasa avec l’attentat du samedi 19 août 1978 au cinéma Rex à Abadan, lors de la projection du film Le Cerf de Massoud Kimiaï. Ce fut un traumatisme national en Iran. Ce jour-là, des coups de feu furent tirés des quatre coins de la salle de cinéma, les portes restèrent verrouillées, piégeant ainsi les spectateurs, hommes, femmes et enfants. Dès le lendemain, par voie de presse, Rouhollah Khomeini, profitant de l’émotion générale – il y eut près de 500 victimes –, qualifia cet attentat de « grand chef-d’œuvre du Shah pour discréditer la révolution ». Les déclarations de Khomeini furent rapidement et largement acceptées. Cette tragédie du cinéma Rex conduisit au renversement de la monarchie iranienne et joua un rôle crucial dans la victoire de la Révolution islamique.

Deux mois plus tard, Khomeini s’installait à Neauphle-le-Château, dans le département des Yvelines. Il travailla à se construire une nouvelle image, à transformer la vision que les Iraniens avaient de lui, celle du leader d’une milice religieuse, violente, en guerre contre les droits des femmes en Iran. Il se présenta devant l’Occident sous les traits d’un « homme de paix », d’un « saint homme », proposant une alternative au capitalisme libéral, comme l’exprima alors le philosophe Michel Foucault. Durant ces quatre mois d’exil dans les Yvelines, Khomeini devint une figure populaire dans les médias et les milieux intellectuels occidentaux et il diffusa sa propagande, en farsi, vers l’Iran, via la BBC.

À la suite de l’instauration de la République islamique en Iran en 1979, les nouveaux maîtres du pouvoir instaurèrent les nouveaux concepts et éléments de langage officiels. « Ennemi de dieu », « ennemi de l’islam », « ennemi de l’État islamique », « idolâtre », « pro-impérialiste », « pro-occidental », « pro-sioniste » servirent à désigner les opposants. Ces expressions soutinrent la phraséologie que la République islamique œuvra à exporter à travers le monde, pour exercer son influence sur les opinions publiques étrangères. Ce sont ainsi des méthodes de « guerre douce » (soft war) qu’utilisa le QG du Guide suprême, exploitant la désinformation et la propagande et créant un conflit perpétuel avec les opposants et l’Occident.

Alors que les États-Unis, les pays Européens et les pays du Moyen-Orient ont porté une attention considérable aux capacités et aux activités militaires et nucléaires de la République d’islamique d’Iran ces dernières années, ils ont sous-estimé son soft power et ses efforts avec ses alliés pour étendre son influence à l’échelle planétaire.

L’écosystème de désinformation de la République d’Iran regroupe aujourd’hui l’ensemble des canaux et plateformes de communication officiels, de radiodiffusion, des bots (robots) et des faux comptes sur les réseaux sociaux, les opérations de désinformation cybernétique, les sites Internet proxy, dont se sert le QG du Guide suprême pour créer des discours mensongers. La dynamique de cet écosystème comprend plusieurs piliers principaux qui fonctionnent simultanément et en systèmes interdépendants.

Le contrôle étroit de la production et de la diffusion

Parmi les outils destinés à diffuser la propagande à l’échelle planétaire, il faut mentionner en premier lieu la Radiotélévision de la République islamique (Sãzmãn-e Sedã va Sima-ye Jomhùrì-ye Eslãmì-ye Ìrãn, dite Islamic Republic of Iran Broadcasting, ou « Irib », en anglais), un organe de propagande central pour les intérêts d’État islamique. L’Irib est placée sous l’étroite supervision d’Ali Khamenei et exerce un monopole sur toutes les émissions de radiotélévision. Cette entreprise diffuse la propagande du régime, dans le cadre défini par l’article 175 de la Constitution de la République islamique : « La liberté d’expression et de publication des idées de la Radiotélévision de la République islamique doit s’exercer en conformité avec les lois islamiques et les intérêts nationaux. » La direction de cette instance est directement nommée par Ali Khamenei.

« La liberté d’expression et de publication des idées de la Radiotélévision de la République islamique doit s’exercer en conformité avec les lois islamiques et les intérêts nationaux. »
Article 175 de la Constitution de l’Iran


Le ministère de la Culture et de l’Orientation islamique est aussi sous l’ordre d’Ali Khamenei. Il exerce une censure sévère, délivre les autorisations de publication des livres et films de propagande. Il s’investit financièrement dans leur production. Le film de Dieudonné M’Bala M’Bala L’Antisémite (2011) a ainsi été produit conjointement par la société de production iranienne Haft Aseman (HACC) et une société française. « C’est en raison de mes croyances antisionistes que j’ai accepté de produire ce film », avait pu expliquer Mohsen Ali-Akbari, patron de la société HACC.

Siège de l’Irib, avenue Vali-ye Asr à Téhéran (Wikimedia commons)

Des relais internationaux

L’écosystème de propagande repose aussi sur des médias iraniens, financés par le régime et destinés à un public international. La République islamique possède ainsi plus de cinquante chaînes de télévisions multilingues dont la majorité est basée au Liban et en Irak, plus de deux cents stations de radios, des milliers de journaux imprimés et des centaines de sites web. Tous ces médias, situés à l’intérieur et hors d’Iran, sont contrôlés par l’Irib. 

L’Irib a d’abord créé la chaîne multilingue Sahar TV 1 et 2 (en anglais, français, kurde, ourdou, bosniaque et azéri), puis l’a ensuite élargie pour inclure Al-Alam, Al-Kawthar (en arabe), Press TV (24/24 en anglais et français), HispanTV, iFilm TV, Radio David.

Lancée en 2001, Radio David produit de la désinformation en hébreu à destination des juifs en Moyen Orient. Le siège d’Al-Alam est basé à Téhéran avec deux antennes officielles, à Beyrouth et à Bagdad. Hassan Beheshtipour, le premier directeur exécutif de la chaîne, a déclaré qu’Al-Alam avait vocation à « lutter contre le monopole détenu par les pays occidentaux sur les chaînes d’information » et à « combler le vide prévalant au niveau de la diffusion des informations dans le monde contemporain ». Quant à HispanTV, il s’agit de la chaîne en espagnole de l’Irib, contre les médias occidentaux, destinée aux États d’Amérique latine.

Des médias étrangers se trouvent par ailleurs sous l’influence direct du QG du Guide suprême. L’Union des radios et télévisions islamiques a été créée à l’initiative d’un certain nombre de réseaux de radios, de télévisions et d’institutions médiatiques, en juin 2007, afin de constituer un bloc solide de radiodiffusion pour propager les enseignements du prophète Mahomet et lutter contre la propagande « malveillante » des « ennemis » de l’islam. Cette union est indépendante de l’Irib mais se trouve directement sous l’autorité du QG du Guide suprême.

D’après les chiffres officiels, cette holding basée à Téhéran compte plus de 236 organisations membres, originaires de 36 pays situés sur les cinq continents. Elle est la plus grande union de médias par le nombre d’entités participantes, mais aussi en termes de couverture géographique, de diversité religieuse, politique et linguistique. Son objectif principal est de défendre le caractère sacré et les intérêts de l’oumma islamique (communauté des musulmans), soutenir les droits et les revendications équitables des communautés et des pays islamiques et diffuser de la désinformation sur l’Occident et Israël parmi les pays membres. L’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a décrit l’objectif de l’union comme celui d’apporter « un soutien honnête aux groupes armés sur le terrain ».

Cet écosystème de désinformation et de propagande médiatique du QG du Guide suprême s’accompagne d’une cyber-campagne, utilisée à des fins de surveillance intérieure pour réprimer les manifestants et acquérir des connaissances sur les militants basés à l’étranger. Elle est aujourd’hui une priorité majeure pour Téhéran.

Une soft war contre l’Occident

Le régime travaille également à la militarisation des réseaux sociaux et à la désinformation cybernétique. Le QG du Guide suprême actionne par des voies, légales ou non, une cyber-armée pour réprimer les opposants à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il s’en sert aussi dans sa soft war contre l’Occident. Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) est le bras armé de l’espionnage du QG du Guide suprême dans tout le pays. Il joue un rôle clé pour l’espionnage numérique et pour la répression des manifestants et des dissidents en Iran. Cela s’est clairement manifesté à l’encontre des principaux mouvements d’opposition populaires au régime, comme le mouvement Vert de 2009, le mouvement populaire de novembre 2018 et le mouvement « Femme, Vie, Liberté », lorsque le CGRI a brutalement écrasé l’opposition. 

Pendant un an, depuis la mort de Mahsa Amini, les militants du mouvement « Femme, Vie, Liberté » ont mené une bataille acharnée sur les réseaux sociaux pour contrer le discours officiel en ligne et à la désinformation propagée par la cyber-armée du CGRI. Celle-ci diffuse des vidéos et des photos sans contexte ; elle les modifie pour réécrire l’histoire et la transformer. Le but de la cyber-armée du CGRI est de réprimer la voix des dissidents autant que d’influencer l’opinion publique. En l’absence de liberté de la presse et d’expression, il est donc extrêmement difficile pour l’opinion iranienne d’évaluer de façon critique les informations diffusées par les médias d’État.

Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique surveille toutes les communications en ligne, censure les informations et gère les images publiques et les faits que l’Iran partage avec le monde extérieur.

Le CGRI surveille toutes les communications en ligne, censure les informations et gère les images publiques et les informations que l’Iran partage avec le monde extérieur. En outre, le CGRI accuse les journalistes de collaborer avec l’ennemi, les institutions occidentales, les services de renseignement israélien et les groupes d’oppositions de la diaspora iranienne à l’étranger. Il s’agit pour lui d’étouffer toutes voix dissidentes. Le CGRI diffuse également des informations ou de la désinformation ciblant des pays ennemis : des représentants chinois, russes et iraniens qui s’inquiètent, par exemple, des « violences de la police [française] » en marge des manifestations en France, un appel du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dans sa 52e sessions, appelant la France à modifier « rapidement » la prétendue loi interdisant aux femmes de se couvrir le visage dans les espaces publics…

Au cours des mobilisations du mouvement « Femmes, Vie, Liberté », l’ONG NetBlocks a annoncé à plusieurs reprises l’interruption de l’accès ou la perturbation d’Internet dans différentes régions d’Iran. Attaullah Mohajerani, ancien ministre de la Culture et de l’Orientation islamique du gouvernement réformateur de Khatami, domicilié à Londres, a colporté en juillet dernier la fake news selon laquelle la France s’attaquerait aux libertés publiques : « La Police nationale française a annoncé qu’à partir de demain 3 juillet, l’usage d’Internet sera restreint. » Manière cynique de retourner l’accusation…

Les démocraties menacées

Face à la supériorité militaire des États-Unis, la Chine, la Russie et l’Iran redoublent d’efforts pour mener une offensive tous azimuts visant à exploiter toutes les ressources du cyberespace. Les institutions fédérales américaines ont pris la mesure de ces cyber-menaces et le cyber-espionnages de l’État iranien. Le gouvernement américain a ainsi sanctionné, le 14 septembre 2022, dix individus et deux entités, tous affiliés au CGRI, pour leur rôle dans la conduite de cyber-actes malveillants, notamment des activités de ransomware (logiciel rançonneur).

Il est essentiel que l’Europe, et en particulier la France, fasse de même en renforçant sa vigilante face à l’alliance des trois États autocratiques que sont la Chine, la Russie et l’Iran. La désinformation d’État, portée par des outils puissants, menace directement les fondements des démocraties.

«En Iran, la révolution contre l’apartheid sexuel a besoin de l’Occident»

Par Nazila GolestanPublié le 16/03/2023 à 17:17

«Bravant de nouveau les interdits, les Iraniennes et les Iraniens ont sauté au-dessus des flammes selon la tradition zoroastrienne, datant de l’époque préislamique.» DANIEL LEAL / AFP

FIGAROVOX/TRIBUNE – Six mois après la mort de Mahsa Amini, des femmes iraniennes continuent de descendre dans la rue et ce, malgré la répression du régime, écrit Nazila Golestan. Plus que jamais, ces héroïnes attendent notre soutien, ajoute la porte-parole de l’association Hamava.

Productrice de télévision, Nazila Golestan est opposante iranienne et porte-parole de l’association Hamava, une «coalition nationale pour un Iran démocratique et laïque».


Six mois se sont écoulés depuis le meurtre de Mahsa Amini par le régime théocratique iranien. Sa mort, après avoir été battue par la police des mœurs à cause d’un voile «mal porté» a été l’étincelle qui a suffi à embraser un pays déjà soumis à une lourde pression depuis quatre décennies. Depuis six mois, les Iraniennes et les Iraniens descendent courageusement dans la rue aux cris de «femmes, vie, liberté». Malgré l’utilisation systématique de la violence et du black-out numérique pour les faire taire, les manifestants continuent de défier le régime.

Il y a deux jours, c’était la fête du feu en Iran. Bravant de nouveau les interdits, les Iraniennes et les Iraniens ont sauté au-dessus des flammes selon la tradition zoroastrienne, datant de l’époque préislamique. Les femmes iraniennes se sont appropriées cette coutume symbolique en la transformant en un acte politique : elles ont brûlé leur voile en le jetant dans le feu et en dansant autour.

En dépit des menaces répétées, le mouvement «femme, vie, liberté» résiste courageusement et renouvelle ses modes de revendications.

La République islamique est un système politique théocratique dans lequel la corruption est institutionnalisée de manière systématique et structurelle dans tous les secteurs de la société.

Même les mineurs sont victimes de la répression. Une centaine de filles ont été intoxiquées au gaz dans plusieurs écoles du pays. Un acte barbare que les manifestants voient comme une forme de représailles du régime contre les filles et les femmes iraniennes qui sont les leaders des protestations. De même, pour avoir dansé sans hijab depuis le quartier rebelle d’Ekteban à Téhéran à l’occasion de la journée des droits des femmes, cinq jeunes femmes ont été arrêtées par les forces de sécurité. Pour dénoncer cet acte de répression misogyne, les femmes ont repris cette danse partout dans le pays, puis dans le monde. Elle est devenue le nouveau symbole de la lutte contre la discrimination sexuelle qu’elles subissent en Iran.
La République islamique est un système politique théocratique dans lequel la corruption est institutionnalisée de manière systématique et structurelle dans tous les secteurs de la société. Le guide suprême est seul aux commandes. La Constitution de la République islamique part du principe que la femme est une citoyenne de seconde zone, elle est légalement la propriété de l’homme et doit mener sa vie en faisant bien attention de ne pas enfreindre une multitude d’interdits divers et variés sous peine de sanction allant jusqu’à la mort. Interdits économiques, interdits d’aller et venir, interdits empêchant chacune d’elles de disposer de soi-même.

Chaque année, plus de 134 milliards d’euros (6000 milliards Tooman) du budget public iranien sont alloués au financement des crimes contre les femmes. C’est le financement de l’industrie de la répression et de la violence systématique envers les femmes. Plus de 30 institutions dépensent une part importante de ce budget pour faire de la publicité et imposer le hijab ainsi que le contrôle de la «pudeur». D’autres, comme l’organisation de la «Promotion de la vertu et de la prévention du vice» sont spécifiquement chargés de la répression et de la violence contre les femmes dans les lieux publics et privés. Cette l’année, le budget de cette institution s’élève à 400 millions d’euros (1180 milliards Rials).

Ainsi, la discrimination sexuelle institutionnalisée par le régime de la République islamique constitue un apartheid sexuel.

Nazila Golestan

En plus de ces institutions de répression misogyne, des dizaines de milliards sont dépensés chaque année dans des organismes et des publications de propagande islamique, des expositions sur le hijab et la pudeur islamique sont organisées à travers le pays. Des centaines de milliers de personnes profitent financièrement de cette industrie.

Ainsi, la discrimination sexuelle institutionnalisée par le régime de la République islamique constitue un apartheid sexuel. Celui-ci, bien que dénoncé, ne fait l’objet d’aucune convention spécifique parce qu’il est essentiellement envisagé comme un problème intérieur relevant de chaque État.

Aujourd’hui, six mois après le meurtre de Mahsa Jina Amini, dans tous les coins de l’Iran, des provinces centrales aux plus périphériques, les Iraniens et les Iraniennes de toutes les classes sociales et de tous les milieux manifestent au péril de leur vie pour accomplir une transition non violente, de la théocratie islamique à une démocratie laïque respectueuse de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale sous le drapeau de l’Iran. La résistance se poursuit même derrière les barreaux pour les leaders de la mobilisation, comme Narges Mansouri, Toomaj Salehi, Narges Mohammadi, soheila Hejab, Atena Daemi, Gitti Pourfazel, Nasrin Sotoudeh, Mohammad Najafi. Ce sont des journalistes, des enseignants, des avocats, des artistes, des médecins, des activistes écologistes, des gens du peuple qui sont les héroïnes et les héros grâce au courage dont ils font preuve. Ils sont déterminés et structurés. Ils sont à l’intérieur de l’Iran et ils ont besoin de notre soutien.

Liberté pour le peuple iranien

L’Assemblée nationale a adopté lundi 28 novembre une résolution en soutien au mouvement pour la liberté du peuple iranien. Ce message fort envoyé à ses compatriotes en lutte est une satisfaction pour Nazila Golestan. La porte-parole d’Iran HamAva souhaite que la communauté internationale continue de se mobiliser contre la violence de la République islamique et l’apartheid de genre de son régime théocratique.

Nazila Golestan, journaliste et porte-parole d’Iran HamAva*

De jeunes iraniennes défient le régime théocratique en ôtant leur voile islamique. Ici, en novembre, au pied de la tour de la Liberté, à Téhéran. (DR)
De jeunes iraniennes défient le régime théocratique en ôtant leur voile islamique. Ici, en novembre, au pied de la tour de la Liberté, à Téhéran. (DR)

Les 149 députés présents dans l’hémicycle, le lundi 28 novembre en fin d’après-midi, ont voté d’une seule voix le texte présenté par les élus Renaissance, condamnant avec la plus grande fermeté « la restriction des libertés et des droits des femmes et la répression brutale et généralisée ». Le groupe Renaissance avait appelé ses membres et ses soutiens (groupe Renaissance et apparentés, groupe Démocrates et apparentés et groupe Horizons et apparentés) à se prononcer en sa faveur.

« Il ne peut exister de liberté sans liberté de la femme », a affirmé le député Hadrien Ghomi (Renaissance), lui-même d’ascendance iranienne. Il avait appelé l’Assemblée nationale à « envoyer un message fort » au peuple iranien, par le vote de ce texte présenté par la majorité lors de sa semaine d’initiatives parlementaires.

La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a rappelé dans son discours le slogan scandé lors des manifestations en Iran : « Femme, Vie, Liberté ». Elle a rappelé les « milliers d’arrestations d’iraniennes et iraniens, emprisonnés parce qu’ils ont voulu vivre libres » et le chiffre effroyable des « plus de 400 vies fauchées » dû à la brutalité des polices du régime en Iran, depuis le début du mouvement de protestation non violent, à la mi-septembre. « C’est la répression qui s’abat, implacable, disproportionnée », a déclaré la ministre, demandant à nouveau la libération des sept Français détenus en Iran.

Une situation qui « commande d’agir, avec responsabilité », a-t-elle plaidé, en annonçant que des « nouvelles sanctions sont en préparation » pour la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères prévue le 12 décembre.

Tsunami de protestations contre un apartheid de genre

La République islamique est face à un tsunami de protestations après la mort d’une jeune femme de vingt-deux ans, Mahsa Amini, trois jours après avoir été arrêtée et tabassée par la police des mœurs à Téhéran, le 16 septembre. Ainsi, le nom de Mahsa est devenu un symbole pour les manifestants dans tout le pays.

La discrimination et l’oppression subies par les femmes durant ces quatre dernières décennies constituent la plus grande discrimination sexuelle à l’égard des femmes dans le monde.

Cela fait plus de quatre décennies que le monde est témoin de la brutalité du régime islamique d’Iran, en totale contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce système politique n’a jamais respecté les différents accords internationaux et a, « au nom de la démocratie », organisé des élections frauduleuses. Il a menacé la région par le biais de ses activités nucléaires. Il est entré dans une guerre psychologique avec l’Occident en rejetant l’ensemble des valeurs universelles. Il a méprisé la dignité humaine et il a réprimé avec violence la population iranienne, et tout ceci dans le but d’instaurer un système idéologique et de rester au pouvoir.

La discrimination et l’oppression subies par les femmes durant ces quatre dernières décennies constituent la plus grande discrimination sexuelle à l’égard des femmes dans le monde. La Constitution de la République islamique a été bâtie sur les fondements de la loi islamique et du patriarcat, à partir de sources telles que le Coran, la charia et les hadiths. Elle part du principe que la femme est « le sexe faible » et que la femme est la propriété de l’homme, ce qui justifie la misogynie du gouvernement. 

L’absence de libertés individuelles, sociales, culturelles et politiques dans le pays engendre une terrible pression sur le peuple. Elle crée des tensions dans la région mais aussi avec l’ensemble de la communauté internationale. Tout cela explique le ralliement de toutes les classes sociales au mouvement « Femme, Vie, Liberté » afin de faire face à la théocratie.

Après 65 jours, malgré la répression sanguinaire des bassidji, des milices et les menaces des Gardiens de la révolution, malgré l’arrestation de plus de 16 000 personnes, les citoyens tabassés et assassinés dans tout le pays, le chiffre macabre de 60 enfants tués pendant les manifestations, la colère est toujours plus forte et exprimée au cri de « Femme, Vie, Liberté » et « mort à la dictature ». Les manifestants restent décidés à poursuivre leur contre-révolution qui se revendique des valeurs universelles, au péril de leur vie, jour après jour, contre l’héritage de la révolution obscurantiste islamique de 1979.

Une révolution de toutes les femmes

Devant l’ampleur de ces manifestations pacifiques sauvagement réprimées par le régime iranien, la résolution adoptée le 28 novembre par la représentation nationale française condamne avec la plus grande fermeté la « discrimination à l’égard des femmes » et la « répression brutale et généralisée des forces de sécurité » contre des manifestants non violents par la République islamique d’Iran.

Le texte du 28 novembre, non contraignant, parle de ce mouvement comme d’« une révolution de toutes les femmes iraniennes », victimes d’un régime théocratique qui bafoue leurs droits et libertés jusqu’à leur imposer un code vestimentaire strict. Il affirme son soutien au peuple iranien dans son aspiration à la démocratie et au respect de ses droits et libertés fondamentales.

La République islamique doit faire l’objet de sanctions diplomatiques et se voir expulser de toutes les commissions des Nations unies.

La résolution votée ce jour « invite le gouvernement français » à agir sur le plan diplomatique afin d’exclure l’Iran de la Commission de la condition de la femme de l’Organisation des Nations unies. Elle invite également le gouvernement et l’Union européenne à réitérer leur appel à une enquête indépendante et transparente sur les circonstances de la mort suspecte de Mahsa Jina Amini. Le texte appelle aussi à « un retour au dialogue et à la diplomatie ».

L’association Iran HamAva saisit cette occasion pour exprimer toute sa considération et son estime pour toutes et tous les parlementaires qui, par cet acte fort, ont condamné sans ambiguïté le « caractère discriminatoire, le répression brutale et généralisée à l’égard des manifestants non violents » perpétrés par les forces de sécurités de la République islamique.

… à suivre

Comme nous le savons, la communauté internationale a condamné la discrimination raciale en Afrique du Sud en considérant qu’il s’agissait d’un crime injustifiable. Cette réaction mondiale a permis d’isoler le gouvernement sud-africain et celui-ci, incapable de résister à cet isolement international, a dû mettre fin à son système de discrimination raciale en 1991.

Le régime théocratique en Iran défend un apartheid de genre, qui a systématiquement torturé, violé, exécuté et tué des citoyens iraniens opposées à son règne.

La République islamique doit faire l’objet de sanctions diplomatiques et se voir expulser de toutes les commissions des Nations unies. Ce régime et ses instruments brutaux de terreur et de répression ne représentent pas le peuple iranien.

Il est essentiel que la France, où furent rédigés et proclamés les droits de l’homme et du citoyen, continue d’affirmer sa volonté de changement en République islamique d’Iran et son soutien à une politique de sanctions contre son gouvernement.

(*) HamAva (en français : « Même voix ») est une coalition nationale pour un Iran démocratique et laïque, un rassemblement des acteurs de la vie politique et de la société civile, de prisonniers politiques et d’avocats à l’intérieur du pays, engagé solennellement à accomplir une transition non violente du gouvernement théocratique et kleptocratique instauré en Iran depuis 1979 à un système politique démocratique et laïque basée sur la Charte les droits de l’homme par le peuple, pour le peuple et avec le peuple.

iranhamava.org/fr/

Re: The world should step up at the United Nations and call the regime’s current atrocity committed against its own people genocide and oust Islamic regime representanter from UN

Dear Secretary General:

We wish to commend and thank the recent efforts of Your Excellency and the Special Rapporteur Javaid Rahman to further investigate the continued horrific violations of human rights in Iran by the Islamic Republic regime.

As the Iranian people’s rise against tyranny continues, more than 15,000 protesters have been arrested. Hundreds of women, men, and children have been beaten, killed, tortured, and executed. Many of the regime’s top representatives have openly called for the execution of all the protesters and the arrest and intimidation of their friends and families. This is in addition to the tens of thousands of existing prisoners of conscience who are rotting in the Islamic Republic’s jails.

Although the calls for further investigations and the expulsion of the Islamic Republic from the UN’s Commission on the Status of Women, especially by US Ambassador Linda Thomas-Greenfield, are commendable, the Islamic Republic’s total and unequivocal defiance and continued violations of the United Nations Charter must be addressed.

The regime’s current atrocities against its own people in Kurdish cities in Iran are considered “genocide.” Genocide is defined as “a crime committed with the intent to destroy a national, ethnic, racial, or religious group, in whole or in part,” according to the UN Genocide Convention.

The Islamic regime, which is a gender apartheid government, has been systematically killing people who are politically, religiously, and ideologically opposed to its rule.

The Islamic Republic must be sanctioned and expelled from all United Nations Commissions. The Islamic Republic and its brutal instruments of terror and repression do not represent the people of Iran. Many of Iran’s true representatives are imprisoned, and the UN should recognize their proxies as the voices of the Iranian people and their aspirations. 

It is incumbent on you, as the Secretary General of the United Nations, to be the torchbearer of the Universal Declaration of Human Rights, be the voice of the voiceless, and recognize the calls of the Iranian people for freedom, democracy, and justice.

We sincerely thank you for your assistance and consideration to this urgent humanitarian matter.

Woman Life Freedom

Very truly yours,

Nazila Golestan

CC:

  • His Excellency Trudeau Justine

Prime Minister of Canada

  • His Excellency Emmanuel Macron

The President of the French Republic

  • His Excellency Olaf Scholz

Chancellor of the Federal Republic of Germany

  • The Right Honourable Rishi Sunak MP

Prime Minister of the United Kingdom

  • The Honorable Joe Biden

President of the United States of America

********************

  • Her Excellency Linda Thomas-Greenfield

The Representative of the United States of America to the United Nations 

  • His Honorable Nicolas de Rivière

Ambassador and Permanent Representative of France to the UN in New York

  • Her Honorable Dame Barbara Woodward

Ambassador and Permanent Representative of UK to the UN in New York

  • Mr. Volker Türk

United Nations High Commissioner for Human Rights

  • Mr. Javid Rahman,

UN Special Rapporteur on the Situation of Human Rights in the Islamic Republic of Iran,

  • Ms. Agnes Callamard

Secretary General of the Amnesty International

  • Ms. Miriam Estrada-Castillo

Chair-Rapporteur, The Working Group on Arbitrary Detention

  • Ms. Irene Khan, Special Rapporteur for Freedom of Opinion and Expression

Rassemblement en soutien aux femmes iraniennes et aux libertés du peuple d’Iran

Posted on novembre 7, 2022 Commentaires ferméssur Rassemblement en soutien aux femmes iraniennes et aux libertés du peuple d’Iran

La mort de Mahsa Amini, jeune femme kurde iranienne de 22 ans, des suites de son arrestation par la police des mœurs, au motif qu’elle portait « mal » son voile, a suscité une vague de colère et de protestations dans de nombreuses villes d’Iran. Le régime théocratique y a répondu par une répression violente et meurtrière, qui s’est déjà soldée par des dizaines de morts.
En conséquence, les associations Iran Ham Ava, France Fraternités et la Licra ont appelé le dimanche 25 septembre à un rassemblement, place du Trocadéro, à Paris. Cette mobilisation non partisane entendait apporter un soutien indéfectible aux femmes iraniennes qui affrontent la violence et risquent la mort parce qu’elles refusent le port du foulard islamique.

Près de 3000 personnes ont répondu à l’appel, dont de nombreux ministres, élus et personnalités. De multiples hommages ont été rendus à Mahsa Amini et les prises de parole officielles ont souligné l’importance de faire aujourd’hui entendre une entière solidarité avec le peuple iranien, qui manifeste aujourd’hui aux cris de « Femme, Vie, Liberté ! ».

Discours de Mario Stasi, président de la Licra, au rassemblement du 25 septembre

Discours de Pierre Henry, président de France Fraternités, au rassemblement du 25 septembre

Le rassemblement en images

Source de l’article: https://www.licra.org/rassemblement-en-soutien-aux-femmes-iraniennes-et-aux-libertes-du-peuple-diran

« Pays en Débat » : aujourd’hui l’Iran

Après “Les mots piégés du débat républicain”, France Fraternités et Beur FM s’associent une nouvelle fois. Pierre Henry retourne en studio avec « un pays en débat »  pour décrypter un pays sous l’angle des droits de l’Homme. Les sujets abordés gravitent autour des libertés publiques, des droits des femmes et des diverses révoltes populaires dans certains pays du globe.

Pour évoquer l’Iran, notre pays en débat du jour », Nazila Golestan, signataire de la Coalition nationale pour un Iran démocratique et laïque, installée en France

Première approche : Autrefois territoire de la Perse, l’Iran est un immense pays, qui fait trois fois la France sur lequel vivent 85 millions d’habitants dont 8 millions dans la seule capitale, Téhéran. L’Iran c’est 13 % des réserves mondiales de pétrole et 17 % de gaz. L’Iran est un pays jeune : 55 % de la population a moins de trente ans.
Dans la mémoire collective française, l’Iran c’est un pays un peu lointain, gouverné par un régime religieux chiite, souvent belliqueux, un pouvoir incarné par un guide suprême : hier, l’Ayatollah Khomeyni, aujourd’hui l’Ayatollah Khamenei.
Khomeyni arrive au pouvoir à la suite de la révolution iranienne, en 1979. Une révolte cruciale dans l’histoire du pays ! Le Chah tombe, la République islamique est proclamée.
L’islam est au cœur de la vie politique, il fonde la Constitution. C’est une théocratie
Ce nouveau régime est un système ultra conservateur, profondément inégalitaire, corrompu, au pouvoir depuis 43 ans.
Les femmes sont les plus restreintes dans cette nouvelle configuration : port du voile obligatoire, interdiction d’accès à certaines filières d’universités, punitions physiques sont toujours d’actualité.
Mais depuis septembre dernier, les Iraniennes se révoltent. Les voiles tombent, brûlent, les femmes descendent les rues. Des révoltes, il y en a déjà eu en Iran ! Le peuple s’est souvent manifesté contre son gouvernement, qu’il jugeait trop inégalitaire. Mais cette fois-ci, c’est la mort de Mahsa Amini, condamnée pour avoir mal dissimulé sa chevelure en public, qui a tout déclenché.

Entretien

Pierre Henry: Ces dernières semaines, il y a des mouvements qui secouent tout le pays au travers de la mort de Masha Amini. Du point de vue de l’opposition, quelle est la situation actuelle en Iran ?

Nazila Golestan: Ce sont des manifestations d’un mouvement de coalition. Ce mouvement démocratique en Iran, il vient de très très loin, ça date même de plus d’un siècle. Mais aujourd’hui, ça prend de l’ampleur parce que, après trois ans, surtout les femmes qui subissent une répression d’un gouvernement théocratique. Il y a l’apartheid aussi, donc tout ça a pris l’ampleur après le drame de l’assassinat de Masha Amini. Et aujourd’hui, on voit que ces manifestations dans les environs, partout dans toutes les villes iraniennes prennent une autre ampleur. Par exemple, aujourd’hui le conseil syndical de coordination des enseignants et des professeurs des universités ont annoncé une grève et refusent de participer aux cours, dans les écoles et à l’université.

Vous savez combien la répression est violente, on parle de plus de 70 morts. Quelle peut être la perspective de cette révolte de la jeunesse iranienne qui manifeste un courage extraordinaire à travers les femmes qui descendent dans la rue ?

Aujourd’hui, pour la première fois, on voit en Iran que les femmes sont dans les rues. Mais à côté, il y a des hommes, jeunes, qui sont là. Autant que des jeunes filles et qui sont dans la rue pour aider l’autre et ils sont en train de se battre. C’est vrai que la répression prend de l’ampleur. Le gouvernement et la police commencent, ils sont partout. Ils utilisent des caméras de surveillance qu’ils ont acheté à la Chine. Et il y a le ministre de l’Intérieur iranien. Il y a peu, à la télé, il a ouvertement annoncé  : »On est en train de vous voir, on va vous arrêter, vous allez payer ». Il y a des menaces, tous les jours, via les télévisions envers les manifestants. Mais on voit que les gens ne veulent pas rentrer, ils résistent. Et il y a des syndicats (industrie pétrolière) qui rejoignent la population.

Il y a eu d’autres révoltes dans le passé et toutes ont été matées par le pouvoir dictatorial des mollahs. Quel est le débouché politique de tout cela ?

L’opposition, en Iran, est à l’intérieur du pays, ce sont des activistes des droits de l’Homme, des activistes politiques, la majorité d’entre eux sont dans les prisons. Ils demandent une chose, ils veulent une Constitution démocratique basée sur des valeurs universelles et laïques. Les gens dans les rues crient qu’ils ne veulent pas d’un gouvernement théocratique, mais laïque, dans lequel la religion est séparée de l’Etat. L’égalité des sexes fait aussi partie des revendications. Ils demandent un dialogue national. Il y a beaucoup d’appels à l’intérieur du pays, via des activistes politiques surtout, qui demandent aux forces armées ou forces militaires qu’ils arrêtent d’attaquer, surtout ceux qui ont tiré sur les manifestants. Il s’agit de développer un dialogue pour qu’on puisse atteindre une transition démocratique.

Prochain « pays en débat », la Mauritanie. Invité  Moulaye El Hassant, militant contre l’esclavage

Diffusion samedi 29 octobre à 8h20, rediffusion le dimanche à la même heure. La fréquence francilienne de Beur FM est 106.7.  Si vous souhaitez écouter l’émission depuis une autre région française, vous trouverez toutes les fréquences en suivant ce lien  

Source : https://france-fraternites.org/podcast-beurfm-pays-en-debat-l-iran/

Le combat de l’obscurantisme contre les Lumières

A la suite de l’ignoble attaque terroriste contre l’écrivain Salman Rushdie, symbole depuis trente-trois du combat pour la liberté d’expression, les défendeurs de la liberté de l’expression, de la liberté de penser et de droit de l’homme ont condamné fortement cet acte barbare.

Rouhollah Khomeini, le guide de la révolution islamique, après avoir imposé au peuple iranien une guerre inutile, dévastatrice et ruineuse contre l’Irak. C’est alors que, pour détourner l’attention de l’opinion publique de la situation catastrophique du pays, Khomeini proclame, le 14 février 1989, un Fatwa ordonnant l’assassinat de Salmane Rushdie et tous ceux qui publie son livre. Cet acte qui a choqué le monde libre a permis de renforcer les partisans de l’Islam politique.

Ataolah Mohajerani, ancien parlementaire réformateur à l’époque de la présidence de Khatami , a apporté son soutien au Fatwa de Khomeini en écrivant dans son livre, « Une critique des versets sataniques» : toutes les religions musulmanes sont d’accord pour dire que ceux qui doutent du Prophète Mohammed, où tous ceux qui critiquent l’islam même si il regrette après doivent être condamné à mort!

De plus, critiqué la France pour avoir accordé la légion d’honneur à Salmane Rushdi. Aujourd’hui, il vit en Grande-Bretagne et continue à défendre l’idéologie de Khomeini.

Alors que Salman Rushdie a tenté d’instaurer un dialogue avec les islamistes, les assassinats des éditeurs et traducteurs des « Versets Sataniques » se poursuivaient.

• En juillet 1999, Hitoushi Igarashi, traducteur Japonais du livre des versets sataniques, dans l’université de Tokyo,

• En juillet 1993, Ottore Capriolo, traducteur Italien du livre des versets sataniques, devant sa maison en Italie,

• En juillet 1993, attaque à l’hôtel Medimec de Turquie, qui accueillait des écrivains et des artistes, dans cet attentat il y en a 37 morts dont 33 turques.

• En octobre 1993, William Nygaard, l’éditeur Norvégien du livre des versets sataniques, a été attaqué dans sa maison en banlieue calme de l’Oslo,

Hélas, la police norvégienne n’a pas pris cette histoire au sérieux jusqu’à la publication de “William Nygaard ” Aussi un journaliste du Nkaro qui n’a pas cessé d’investiguer sur ce sujet, le livre s’appelle “qui a tiré sur William NIGARD” Ce livre a fait beaucoup de polémique et il critiquer surtout le travail de la police envers des terroristes. Cette publication a forcé la police norvégienne de réouvrir le dossier et à enquêter sur les deux assassins dont le premier Khaled Moussavi un Libanais qui est en  relation avec le Hezbollah de Liban et le deuxième Mohammad Nikkhah, Le premier secrétaire de l’ambassade de la république islamique d’Iran à Norvège. Ce diplomate Du régime islamique est resté anonyme jusqu’à ce que les opposants iraniens ont révélés son identité dans les réseaux sociaux.

Durant ces 43 ans du régime islamique, la liste des assassinats d’opposants iranien est très longue, comme Shapour Bakhtiar, l’ex-Premier ministre iranien, Fereydoun Farrokhzad, présentateur et animateur des émissions de musique en Allemagne, Rafi Khachetourian, animateur et comédien aux Etats-Unis, exécution de Rouhollah ZAM, journaliste réfugié politique en France, qui ont été oubliées par la justice des pays démocratique afin de ne pas compromettre les intérêts politiques et économiques avec les mollahs.

L’histoire de l’assassinat dans le restaurant Mikonos à Berlin en Allemagne dans lequel la police a retrouvé un lien direct avec l’ancien président de la République islamique, Hashemi Rafsanjani, et ses deux ministres des affaires étrangers Velayati et de l’information et sécurité Fallahian. Malgré cela aucun dossier de l’assassinat et des actes terroristes ne porte le nom de ces personnes liés au gouvernement de la république islamique. On trouve seulement un dossier qui porte le nom de Fallahian, qui depuis mai 1996 est resté ouvert.

Ensuite il y a eu l’attentat contre Charlie Hebdo, décapitation du professeur français Samuel Paty et maintenant la tentative de l’assassinat de Monsieur Rushdie. Ses actes barbares contre le monde libre se multiplient car la justice et la police des pays libres se montrent trop laxiste.

Après la tentative d’assassinat de Salman Rushdie, Le journal Kayhan dirigé par un des proches du guide suprême de la république islamique Ali Khamenei, a publié un article à ce sujet En menaçant Donald Trump, Mike Pompeo et Marc Spert nous lisons dans cet article : “Malgré la forte sécurité ils sont La cible de notre vengeance”

Cette menace n’a pas été prise au sérieux par des pays démocrate occidentaux et cela est Désespérant pour le monde libre et pour le droit de l’homme et de la liberté de l’expression.

Cette attaque contre la démocratie, la liberté de penser et de l’expression, Nous afflige, cet acte barbare est une catastrophe pour ceux qui ont quitté leur pays pour pouvoir s’exprimer librement dans un milieu démocrate pour être sûre d’être dans un pays où la justice est vraiment juste et qui croyait enfin s’installer quelque part loin de leur pays pour pouvoir se battre contre les idéologies qui détruit les leurs.

Les activistes, les journalistes et les opposants en exil sont des victimes des négociations et de la politique que les pays occidentaux ont choisi envers ce qui sont au pouvoir et dirigent ces attentats et les actes terroristes au nom d’Allah

Le combat, ô combien noble et fondamental pour la liberté d’expression et les droits humains est un combat universel. Cette lutte ne peut être victorieuse en France et dans tous les pays démocratiques si nous fermons les yeux sur ce qui se passe en Iran.

La solution ne viendra pas des négociations avec le régime islamique d’Iran, au contraire ça leur donne plus de pouvoirs pour continuer leur activité terroriste et de propager plus de peur et terreur dans le monde. Pour mettre enfin un terme à ces 43 ans de terreur il faut :

  • Étendre, au-delà des sujets du nucléaire, des missiles balistiques et du comportement du régime islamique au Moyen-Orient, la fondamentale question du respect des droits humains par la République islamique, aux cours des négociations du groupe P5+1 avec le régime terroriste, islamiste et totalitaire de Khamenei.  
  • A la suite des récentes actions terroristes direct ou indirect du régime sur le territoire européen, de l’exécution de Rouhollah Zam et de la condamnation à mort du citoyen suédois Ahmad Reza Jalali, mais aussi des détentions illégales de Benjamin Brière, citoyenne française, et Nahid Taghavi citoyenne allemande, de proposer la réduction les relations diplomatiques des États de l’Union européenne avec la République Islamique au niveau des chargés d’affaires.
  • Arrêter la machine de propagande de ces islamistes qui marchent contre la démocratie, et qui travail en toute liberté de pour les médias dirigé directement pour les islamistes radicaux au pouvoir en Iran.

Source: Charlie Hebdo, Radio Farda, Iranwire

Stop Potential COVID-19 Pandemic in Iran

N° 2131-20

February 28, 2020

The Honorable Mike Pompeo Secretary of State

U.S. Department of State

Re: Stop Potential COVID-19 Pandemic in Iran

Dear Secretary Pompeo:

While news of the outbreak of the Coronavirus was reported on global media, many had become interested in the Coronavirus news in Iran and a number of Iranian citizens were reporting that their loved ones had died of lung infection.

Because of the then impending elections of the Eleventh Parliament in Iran, and on the orders of the authorities of the Islamic Republic, no Coronavirus disease was, or is, reported until one of the victims’ families succeeds in announcing it.  Relatives of people who have lost their lives not only because of Coronavirus but also because of lack of medical services are threatened and warned by the authorities that they have no right to report Coronavirus cases to the media and must remain silent.

Due to the lack of freedom of expression and lack of transparency in Iran, many have been infected with the Coronavirus. Unfortunately, as media and press are under control of the government and IRGC, the outbreak was kept secret and, consequently, it became too late to prevent loss of many lives and late for the government and the Ministry of Health to manage the crisis with any viable and effective plans.

Most flights to and from China were either cancelled or heavily monitored in the world except in Iran where the Mahan Airlines that was on the United States embargo list continued to fly between Iran and China; in fact, Mahan used this opportunity to increase these flights. All of this is the result of serious violations of, and gross disregard for, protocols of the World Health Organization and, loss of lives of Iranians and visitors.

In Iran, as you are fully aware and have reported accordingly, there is a silencing war against the public. I must point out that many political, civil, religious, and human rights activists as well as lawyers, and protesters are being held in prisons where the probability of becoming infected by the Coronavirus is very high. The lives of political prisoners are in danger.

Oppressed people of Iran are helpless and hostage to an anti-humanitarian government. Please, do not let the Iranian people alone. They need your support, today.

It is with the utmost urgency that Iran National Council for Free Elections (IRANNC) appeals to your high office to take immediate and effective action to provide help and assistance to the Iranian people and to dispatch medical and health services to Iran by through pertinent institutions such as the United Nations, the World Health Organization and the International Committee of the Red Cross.

We sincerely thank you for your assistance in, and consideration to, this urgent humanitarian matter.

Very truly yours,

Nazila Golestan

Special Envoy for Human Rights

Iran National Council for Free Elections

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CC:

His Excellency António Guterres

Secretary General of United Nations

His Excellency Zeid Ra’ad Al Hussein,

United Nations High Commissioner for Human Rights

Mr. Brian Hook

U.S. Special Representative for Iran

Dr. Tedros Adhanom

President, World Health Organization

Mr. Peter Maurer CC BY-NC-ND / ICRC

President, International Committee of the Red Cross

Mr. Javid Rehman,

UN Special Reporter on the Situation of Human Rights in the Islamic Republic of Iran

Mr. Salil Shetty, Secretary,

Secretary General of the Amnesty International

What Is Happening in Iran?

Radio Farda surveys show that in the days when the Islamic Republic of Iran claimed to have suspended Mahan flights to and from China, the flights from Tehran to four Chinese cities were operating in accordance with the regular schedule.

Because of the spread of Coronavirus, the Iranian government announced on January 31, 2020 that flights between the two countries had been suspended. Yet, Mahan Airlines, headed by Hamid Arabnejad, posted an Instagram on February 24, 2020 that the last flight of Mahan airlines took place on February 4th and 5th.

Further surveys by Radio Farda show that Mahan Airlines continued to operate flights to Beijing, Shanghai, Guangzhou and Shenzhen from February 5th until February 23rd. The company made at least 55 roundtrip flights to China in that period of time.

With the presence of 700 Chinese theological students at the Qom Seminary “the largest Shi’a Seminary in Iran”, Coronavirus began spreading in that city and became the reason for high mortality rates in Iran’s clerical centers; news that the state media tried to hide.

According to Mohammad Hossein Ayati, head of the Mashhad University of Medical Sciences, the incubation period of the disease is between two and 14 days and most people are likely to get the virus but some may have no symptoms because of their strong immune system; however, asymptomatic people could be carriers of the disease.

According to a citizen journalist from northern Iran a drug store had quoted the Ministry of Health as having announced that each city’s health centers were distributing antiseptic gel, alcohol, etc. The journalist went to the health center in his city and was told there had been no such announcement.

Mohammad Mehdi Goya, head of the Ministry of Health, Center for Infectious Diseases, also admitted that the kits were available only during the prior one week.

At the moment, many people feel insecure, workers in the factories and dormitories are at the risk of getting infected, South Pars workers wrote on social media that “here everything is public, even dormitories and the situation is worrisome. There is very little sanitation. There are apparently meetings to give health packages to staff. But likely not all workers will get these packages.” “Some higher-level contractors give workers health kits, but sub-contractors likely will not.”

Workers at the Persian Gulf ports of Assaluyeh and Kangan expressed concern about the likelihood of becoming infected and said “There are rumors that 3 to 4 workers were hospitalized and quarantined.”

Also, the staff of Iran Khodro Company wrote to us and expressed their concerns: “There are thousands of people working in this complex without any health precautions or hygiene tips.”  A nurse wrote that she is pregnant and has not been granted leave.” At this stage the hospitals themselves are propagation centers for the Coronavirus due to limited space.

Ahmad Amirabadi Farahani, Qom representative in the Parliament said on Monday in the open parliament meeting that: “Every day, 10 people die in Qom … Until last night 50 people died of Coronavirus. The Minister of Health is guilty. During this time, 32 people died at the Coronavirus quarantine site.  Two children have also tested positive. The government is trying not to spread the news so that people will not become anxious. It is true that we should keep calm, but we should not overlook the scale of the crisis as if nothing had happened.”

The Free World should not be indifferent to the Islamic Republic’s irresponsible, totalitarian behavior.  Secrecy about the spread of the Coronavirus in Iran, the number of Mahan flights between China and Iran, the extent to which the virus is transmitted to some other countries is unacceptable.

Iraqi authorities have confirmed that the first Coronavirus infection in their country was an “Iranian clergy student.” The Iraqi Ministry of Health has announced that said Iranian student is in quarantine. Reuters reported that, aside from Iraq, Kuwait and Bahrain reported their first cases of Coronavirus all of which came from Iran.  Kuwait has identified 3 people who tested positive for the virus among 700 returnees from the city of Mashhad in northeast Iran. Bahrain has also confirmed that one of its citizens was infected with the Coronavirus after returning from Iran.  The incompetent government of Iran is causing the spread of a deadly virus in the region.

Hassan Rouhani assured Iranians that his government would be transparent about the scale of the outbreak, after the United States said it was “deeply concerned by information indicating the Iranian regime may have suppressed vital details”. He accused Iran’s arch enemy of trying to use Covid-19 to instill “fear” in people. “Coronavirus must not be turned into a weapon for our enemies to halt work and production in our country,” he said, adding that Americans “are also suffering”.

The ISNA news agency later reported that the head of a new Iranian cyber police unit, Vahid Majid, had announced the arrest of 24 people suspected of being “rumour-mongers” regarding the outbreak.

The media watchdog Reporters Without Borders warned Iran: “Respect for the public’s right to full, independent, diverse and quality news reporting, as enshrined in the Universal Declaration of Human Rights, is the best way to protect the population and combat rumours. Withholding information can kill.”

Religious authorities also resisted the cancellation of Friday prayers until Thursday and said they would hold the prayers with “preventative measures” but they finally relented and announced that the prayers were cancelled in 23 province capitals out of 31, including Tehran, Qom, and Mashhad. The decision to cancel prayers in smaller cities has been referred to governors and health officials.

Chaos appears to be reigning in the management of the Coronavirus outbreak. Various government officials make contradictory statements and, in some instances, health officials appear to be under pressure from other governmental and religious bodies to downplay the situation.

Iran’s Supreme Leader Ali Khamenei released a taped video statement about the Coronavirus crisis on his website on February 27. However, in his brief statement Khamenei only thanked healthcare officials and staff and did not make any comments about the extent of the outbreak or the government efforts to contain the crisis.

Sources: Radio Farda, BBC, Citizen Journalists from inside Iran

Message of Peace and Friendship

https://vimeo.com/391370284

February 11, 2020

Dear Mr. President

            Subject:  Message of Peace and Friendship

On this day of the sad 41st anniversary of the terrorist and corrupt regime of the Islamic Republic of Iran, we would like to bring to your attention a strong and historical message from our suffering compatriots in Iran, who extend a hand of friendship to the people of the United States of America.

While the Islamic Republic is after hostility and confrontation with the United States and the Free World, the Iranian people desire, more than ever, peace and friendship with the same.

We believe that our homeland, Iran and the United States have strong common strategic interests. As the Iranian people are not allowed to freely choose their government, our countries have not even had diplomatic relationship in the past 40 years. Indeed, the leaders of the theocratic regime do not work for the Iranian national interest. Their main objective is to export their fanatical ideology to the entire region and beyond. To achieve their goal, this regime needs to be the enemy of the United States, Israel, and all democracies across the world.

However, more and more, the Iranian people are demonstrating their determination to be part of the free world and be respectful of democratic values. This desire for freedom is best exemplified by the daily struggles of Iranian women, workers, students, and religious minorities who engage in peaceful civil disobedience and protests while facing mass murder, imprisonments, and torture by regime’s thugs and security apparatus.

Mr. President, we would like to warmly thank you for the unprecedent support to the Iranian people that you and your administration provide.  From our perspective, the best policy to bring back peace and stability in the Middle-East is to support the Iranians’ national self-determination for a democratic government. The solution is neither war, nor maintaining the status quo. As you have so rightly said, the Iranian people are what the regime fears the most.

Therefore, we respectfully request your support for the will of the Iranian people to be able to choose their destiny through free, fair and transparent elections in accordance with article 21 of the Declaration of Human Rights.

Thank you for your attention to this important matter.

Respectfully yours,

Iran National Council for Free Elections          

Iran : Soleimani, boucher des peuples ou héros de l’islam politique ?

« Le Point » publie une tribune d’intellectuels et d’opposants iraniens qui demandent à Emmanuel Macron de « ne pas céder au chantage à la violence » de Téhéran.

La tribune est rédigée par un collectif d’intellectuels et d’opposants iraniens en exil, démocrates et libéraux. Ses signataires tirent le bilan de l’action politico-militaire du général Qassem Soleimani, qui incarna jusqu’à sa mort, le 3 janvier, d’un tir de drone américain sur l’aéroport de Bagdad, les efforts entrepris par le régime iranien pour exporter sa « révolution islamique » dans le reste du Moyen-Orient. La tribune souligne le rôle qu’il a joué dans l’aggravation des conflits sectaires dans cette région déjà instable et sa participation – via les milices à sa solde en Irak et en Syrie, notamment – à la répression des opposants iraniens et irakiens ainsi qu’aux massacres en Syrie. La liste des 38 premiers signataires figure au bas de cette page.

La mort du général Soleimani, commandant de la force Al Qods des gardiens de la Révolution islamique, a donné lieu à de nombreuses réactions, dont peu d’entre elles ont pris en considération les aspirations du peuple iranien et des peuples de la région.

Les dirigeants du régime islamique ont condamné le « terrorisme d’État » américain qui, violant la souveraineté d’un État indépendant, l’Irak, est intervenu militairement pour éliminer un général « invité » par les dirigeants de ce pays.

Pour cet homme de guerre, la vie humaine n’avait aucune valeur.

D’autres ont rappelé les ingérences de Qassem Soleimani par milices interposées et ses exactions multiples, tant en Iran qu’en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen, pour justifier l’opération ciblée menée par l’armée américaine.

Mais tenons-nous-en aux faits. Dès son avènement, le régime islamique en Iran a eu pour principal objectif l’exportation de sa révolution et de son idéologie totalitaire au Moyen-Orient comme ailleurs dans le monde. Avec sa force Al Qods, l’unité d’élite du corps des gardiens de la Révolution islamique chargée des opérations extérieures, Soleimani en est devenu le grand artisan. Pour cet homme de guerre, la vie humaine n’avait aucune valeur face à la nécessité d’étendre l’influence idéologique et militaire du régime et parvenir ultimement à « rayer Israël de la carte ».

Il est important de rappeler qu’en 1979, alors que les États-Unis maintenaient leur ambassade à Téhéran afin de travailler avec le nouveau régime de Khomeini, la République islamique, dès son avènement, a manifesté une hostilité foncière à l’égard de l’Occident et particulièrement de l’Amérique. Hostilité qui a débuté par la prise d’otages des diplomates de l’ambassade américaine puis s’est poursuivie par de nombreuses actions terroristes, voire des actes de guerre contre les États-Unis, l’Europe et les pays du Moyen-Orient. C’est bien à l’aune de cette logique de guerre qu’il convient de comprendre et d’analyser l’élimination du général Soleimani.

Placé sous l’autorité directe du Guide suprême Ali Khamenei, Soleimani était de fait le numéro deux du régime iranien, son principal cerveau militaire et stratégique. Il était le bras armé des radicaux du régime des mollahs.

Soleimani ne fut en rien un rempart contre Daech.

Il convient de rappeler à cet égard que Soleimani était officiellement considéré comme terroriste par l’Union européenne depuis la décision du Conseil de l’UE en date du 8 janvier 2019. Il a orchestré de nombreuses attaques terroristes au Moyen-Orient et dans le reste du monde au moyen des milices qu’il a contribué à créer, financer et armer.

Soleimani ne fut en rien un rempart contre Daech, comme cela est répété urbi et orbi. Il était en réalité un criminel de guerre et un criminel contre l’humanité qui a contribué à renforcer cette organisation terroriste en menant une politique pan-chiite qui a poussé dans ses bras des pans entiers de la population sunnite irakienne et syrienne.

Le général Soleimani était l’un des principaux architectes du chaos irakien après la chute de Saddam Hussein. Son soutien financier et militaire aux milices chiites qui ont commis de nombreuses exactions en Irak a provoqué la radicalisation des groupes sunnites, ce qui a favorisé en retour l’émergence de Daech en Irak.

En Syrie, il a été l’un des principaux artisans de l’écrasement de l’insurrection contre Bachar rl-Assad aboutissant à la mort de plus de 500 000 personnes et au déplacement de millions de réfugiés. L’histoire retiendra que, par son action destinée à sauver coûte que coûte le régime du dictateur syrien et à étendre l’influence iranienne, il a là encore grandement contribué à faciliter l’implantation de Daech dans ce pays.

En Iran également, les différentes vagues de répression contre nos compatriotes ont porté sa marque : en 1999, il participait activement à la répression du mouvement estudiantin de l’université de Téhéran et, en décembre 2017, il faisait venir en Iran des contingents issus des « unités de mobilisation populaire », une coalition paramilitaire de milices irakiennes en majorité chiites pour réprimer dans le sang les manifestations anti-régime.

C’est encore lui et ses hommes qui, en novembre dernier, noyèrent dans le sang les manifestations antigouvernementales. Dès le premier jour des protestations, Qassem Soleimani conseillait à Ali Khamenei d’écraser, avec une brutalité inouïe, la contestation contre la dictature islamiste. Cette répression, que l’on peut qualifier de crime contre l’humanité, a fait au moins 1 500 morts !

Cet homme terrorisait tout autant les Irakiens et les Syriens que les Iraniens. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les contestataires irakiens aient célébré son élimination place Tahrir à Bagdad, ce d’autant plus que c’est toujours lui qui, en octobre dernier, exigeait du gouvernement irakien de prendre exemple sur la République islamique pour réprimer les manifestations contre la corruption et l’ingérence de la République islamique dans ce pays.

Les gardiens de la Révolution islamique et leur bras armé extérieur, la force Al Qods de Soleimani, n’ont jamais hésité a employé les pires méthodes de répression contre nos compatriotes en Iran et contre les autres peuples de la région pour assurer la survie de leur régime kleptocratique et l’expansion de leur idéologie fanatique.

À cette fin, Qassem Soleimani et les gardiens de la Révolution ont institutionnalisé dans toute la région un système de corruption afin de financer leurs guerres et leurs actions terroristes. Il n’est dès lors pas étonnant de voir que le régime iranien, malgré les efforts de l’Union européenne, a refusé de se conformer aux règles internationales définies par le Gafi (FATF) en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Les fous de Dieu à la tête de ce régime agressif et millénariste sont prêts à sacrifier le bien-être de la population iranienne.

Au regard de ces faits, nous, opposants à la République islamique, appelons solennellement la France et ses représentants à se tenir aux côtés du peuple iranien et à soutenir ses aspirations à la liberté et à la démocratie. Les fous de Dieu à la tête de ce régime agressif et millénariste sont prêts à sacrifier le bien-être de la population iranienne sur l’autel d’un expansionnisme contesté avec courage par la population irakienne et libanaise.

Nous exhortons donc le président de la République à ne pas céder au chantage à la violence exercé par la dictature des mollahs qui s’affranchit chaque jour un peu plus de ses obligations internationales censées contraindre Téhéran à renoncer à son programme nucléaire. Nous l’invitons également à rappeler que c’est bien la guerre par milices interposées conduite hier par le général Soleimani, aujourd’hui par son successeur, qui est à l’origine de la crise actuelle et que le régime des mollahs devra être tenu pour responsable de son éventuelle aggravation.

Liste des premiers signataires (par ordre alphabétique) :

Dr Mahdi Aghazamani, sociologue et journaliste ;

Nassrin Almasi, journaliste, rédactrice en chef de l’hebdomadaire « Shahrvand » ;

Djamchid Assadi, professeur associé au département digital management de la Burgundy School of Business ;

Mehran Barati, membre du conseil exécutif Iranien pour la transition ;

Hassan Dai, analyste au Iranian American Forum et à l’International Institute for Iranian studies ;

Chahdortt Djavann, écrivaine, essayiste ;

Dr. Farah Dustdar, professeure de philosophie, éditrice de Zeit für Geist ;

Niloofar Gholami, journaliste et activiste ;

Nazila Golestan, envoyée spéciale pour les droits de l’homme du Conseil national iranien pour les élections libres ;

Mohammad Reza Heydari, ancien consul de la République islamique d’Iran ;

Dr. Ata Hoodashtian, professeur associé de philosophie et de sciences politiques à la Swiss UMEF University de Genève, directeur du département des études iraniennes ;

Hossein Khalifeh, activiste ;

Bijan Khalili, éditeur ;

Mehdi Jamali, opposant politique et militant des droits de l’homme ;

Amir Hossein MehdiIraiee, activiste et ex-médecin de l’armée iranienne ;

Iraj Mesdaghi, essayiste, ancien prisonnier politique ;

Nooshin Meshkaty, présidente du board de la Beverly School Board of Education, ingénieure en aérospatial ;

Zarrin Mohyeddin, activiste ;

Mazyar Mokfi, journaliste ;

Reza Moridi, ancien ministre irano-canadien ;

Kaveh Moussavi, avocat spécialiste des droits de l’homme à la Cour internationale d’arbitrage ;

Yaghoub Najari, ancien champion du judo, défenseur des droits des femmes ;

Sahar Nasseri, militant écologiste et activiste ;

Dr. Ramin Nawab, géophysicien ;

Aliakbar Omidmehr, ancien diplomate

Assal Pahlavan, directeur de la rédaction du magazine en langue persane « Ferdosiemrooz » ;

Reza Pirzadeh, porte-parole du Conseil national iranien pour les élections libres ;

Zohreh Rasty, médecin et militant politique ;

Ehsan Sam Rajabi, ancien membre de l’équipe nationale de judo iranienne ;

Vanecha Roudbaraki, artiste peintre ;

Sahand Saber, avocat au barreau de Paris ;

Hemn Seyedi, analyste politique au Birkbeck College, University of London ;

Farshid Seyed Mehdi, spécialiste des relations publiques ;

Rouhi Shafii, Directeur exécutif de la Coalition internationale contre les violences en Iran ;

Shahrokh Shahid, musicien

Kaveh Shahrooz, avocat, chercheur de l’institut supérieur de recherches Macdonald Laurier, Senior Fellow du MLI’s Centre for Advancing Canada’s Interests Abroad ;

Dr. Mahnaz Shirali, sociologue, politiste, spécialiste de l’Iran, enseignante à Sciences Po Paris, directrice d’études à l’Institut catholique de Paris ;

Elham Yaghoubian, écrivaine, chercheuse en sciences sociales à la California State University.